BROU, PEROUGES : Trésors de l’Ain, 4 juin 2025 (2)
par Monique et Georges
Il est temps de partir pour Pérouges : l’orage éclate sur le trajet mais a cessé quand nous arrivons au restaurant ! Il reprendra pendant le repas, mais nous sommes à l’abri.
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Quand nous ressortons, il pleuvote de temps en temps, sans gène pour la visite pour laquelle nous attend une jeune guide qui nous parle d’abord de l’origine de ce bourg perché qui a gardé une belle allure ancienne. C’est que les documents remontent à 1130, où il est question d’un château fort. Mais l’histoire commence vraiment à propos du conflit entre la Savoie et le Dauphiné, quand celui-ci appartient à la France qui ne peut guère s’en occuper pendant la guerre de 100 ans. Le Rhône est alors une frontière, et ce lieu est placé sur la route commerciale qui relie Lyon et Genève. C’est alors qu’il est question de ce village, sous domination savoyarde, puis à nouveau française au traité de Lyon de 1601.
Nous sommes sur la place centrale, place du tilleul, qui fut planté comme « arbre de la liberté », sur l’ancienne place de la halle. Car il y avait là deux halles, une en bois, et une autre plus riche qui était la halle des tisserands : il y a eu à Pérouges un marché tous les samedis du Moyen-Âge au XIX ème siècle ! La place Saint-Georges est celle du saint patron de la ville, ce chrétien grec de l’époque de Dioclétien, et qui a tué le dragon qui terrorisait une ville. La rue des Princes, celle où habitait le châtelain qui tenait son pouvoir des ducs de Savoie, était aussi la rue des bouchers, cordonniers, tisserands, toutes corporations riches. Les maisons de ces commerçants ont de grandes fenêtres au rez-de-chaussée. Toutes ces rues sont pittoresques et pavées de galets, elles ne l’ont été qu’au XVII ème, puis avec la restauration du village en 1950 et 1970. Les rues sont accidentées sur ce sommet !
Tout un côté de l’église est une partie des remparts circulaires de la ville, le reste est constitué par les maisons bâties en cercle, le tout entouré par un autre rempart. L’église dédiée à Sainte Marie-Madeleine a été construite entre 1420 et 1480, elle est donc fortifiée, sans ouverture sauf des meurtrières étroites terminées par une ouverture ronde pour laisser passer un canon. La porte est à droite du chœur pour ne donner que sur la ville, à l’intérieur les pierres sont maintenant apparentes mais elles étaient autrefois recouvertes d’un enduit à la chaux couvert de fresques.
Un peu plus bas, sur une jolie place fleurie, la maison du Sergent de Justice, qui réglait les affaires courantes, permet à la guide de nous citer quelques peines que l’on retrouve dans les comptes du châtelain : en 1370, 6 deniers pour exhibitionnisme (je traduis « se flageller nu dans son jardin » !!), en 1414, 3 deniers pour insulte, en 1425, 1 denier pour « avoir fait la boba au châtelain »…. Ce sont là délits de Basse Justice, la Haute Justice (qui traite de meurtres, trahisons, vols d’importance, c’est-à-dire vols au préjudice de quelqu’un d’important !) est rendue par un juge de Bourg qui vient une fois par an. En attendant, les criminels sont enfermés ici, on a retenu un meurtre et trois cas de sorcellerie.
Nous arrivons à la « porte d’en bas », qui a été attaquée en 1468 par le duc de Savoie allié à Louis XI, contre Philippe de Bresse allié à Charles le Téméraire. Pérouges a tenu un siège de trois mois, mais lorsque les Dauphinois passent à l’attaque en décembre, ils tombent sur un mur (le deuxième rempart), la ville est réputée imprenable !
Son déclin s’amorce au XVIII ème, puis en 1839 la halle en bois est incendiée et le chemin de fer ruine ce lieu de passage des anciennes routes. En 1900, il reste 10 habitants ! Beaucoup de maisons tombent en ruines mais on décide de les restaurer comme on les voit maintenant : 80 d’entre elles sont inscrites aux Monuments historiques. Il y a 70 habitants à l’intérieur des remparts, 1300 autour au pied de la butte, et beaucoup de touristes en saison !
Nous revenons au restaurant pour déguster la galette de Pérouges à base de pâte briochée. Nous repartons dans les rues pavées, au passage, une exposition de peintures et sculptures, et il est confortable de retrouver la rue goudronnée où nous attend Jean-Michel et son autocar aussi confortable !
C’est une bien jolie journée de découverte qui n’a pas été perturbée par le mauvais temps annoncé : ouf !