Les Remparts de Clermont (2)
par Georges

     Vers 1350, les travaux de la nouvelle cathédrale s’arrêtent, c’est Viollet le Duc qui l’achèvera au XIXème siècle avec les dernières travées et les 2 tours.
Les maisons autour ont le rez-de-chaussée en lave et les étages en bois, ce qui préserve la ville des grands incendies qui dans d’autres villes s’étendaient à un quartier entier ; selon les témoignages de l’époque, il était rare que deux maisons brulent en même temps.
Les quartiers sont spécialisés :
Les bouchers sont place du Mazet et rue de la Boucherie
Les drapiers et les merciers rue des Gras
Les marchands de bas, rue des Chaussetiers (les hommes portaient des culottes qui ne descendaient que jusqu’aux genoux)
Les lacets et leurs extrémités, les ferrets (bout ferré : cf les 3 mousquetaires) sont rue Pascal ex rue de la Ferreterie
Les hôteliers vers la porte Champet, ce qui est normal, un peu comme autour de la gare maintenant
Les notaires, rue Philippe Marcombes, ex rue des Notaires
Le marché aux blés était place Sugny, ex place de l’Echaudé (gâteau fait de pate échaudée c’est à dire trempée puis passée au four)
La place Michel de l’Hospital accueille le marché aux bois en tout genre : elle a porté le nom de place de las Madeyras (planches en patois) puis des Échalas, puis des Cercles (que l’on mettait autour des douelles d’un tonneau).

À l’extérieur, la branche Nord de la Tiretaine recevait les moulins (qui deviendront plus tard les usines) et la branche Sud , les tanneurs, sur la place de Jaude qui n’est encore qu’un espace nu, marécageux.

Au XVIIème siècle, les remparts sont en mauvais état, les murs en partie ruinés donc dangereux ; les fossés non entretenus servent de décharge ; les tours, des repaires de mendiants et de malfaiteurs.
De plus des constructions s’y sont adossées.
Il n’y a plus d’intérêt à les entretenir ; le danger se trouve au nord du pays, là où Vauban édifie des forts ; de plus, ils n’ont jamais servi, la région est trop pauvre pour attirer des soldats ou des pillards (qui sont souvent les mêmes).

   On s’interroge sur l’intérêt à les maintenir et leur emplacement intéresse ceux qui recherchent des terrains en ville.
On se plaint de la pestilence dégagée par les fossés ; il n’y a pas de ramassage de poubelles à l’époque : les bouchers s’y débarrassent des déchets de leur activité.
Vous pouvez imaginer l’ambiance à la porte Saint Laurent ; on comprend aussi sans peine pourquoi il y a deux portes voisines : la porte de la Poterne juste à côté, mais au débouché de la rue des Notaires : les notaires n’avaient aucune envie de respirer les odeurs de la porte Saint Laurent.
On se plaint aussi, mais ceci concerne toute la ville, des rues trop étroites : la litière du cardinal de Richelieu faillit être coincée rue du Port.

   En 1667, un arrêt du Conseil d’État dit que le roi est propriétaire des remparts et bénéficiera donc de leur démolition et des ventes qui en découleront.
On passe aux actes : la démolition commence entre Champet et la Poterne, faite par des prisonniers espagnols, d’où peut être le nom de la place d’Espagne ; les fossés sont comblés, on construit un boulevard planté d’arbres et un mur plaqué contre la colline.
En 1678, c’est au tour de la zone entre les portes Saint Pierre et des Gras, elle est vendue par lots.
En 1675, le terrain dégagé vers la porte du Cerf est attribué aux Jésuites pour la construction d’un collège (l’actuel Conservatoire).
Ces remaniements permettent l’installation de nouveaux couvents : les Capucins et les Visitandines vers la BDF, les Oratoriens vers ce qui sera la rue de l’Oratoire (vers l’École de Commerce), les Minimes (St Pierre des Minimes), les Bénédictines vers la rue St Benoit (vers le Conservatoire).
Place Michel de l’Hospital on édifie le refuge des Filles Repenties (= qui avaient eu une mauvaise vie).

Selon un témoignage de l’époque, au XVIIIème siècle, la ville dispose d’un bel emplacement (sur une butte) ; elle domine la Limagne, mais elle a plein de défauts : rues étroites, tortueuses, mal pavée, avec les restes d’une enceinte délabrée ; la couleur de ses monuments renforce son aspect sinistre.
Les rues sont extrêmement sales, « on met des sabots par dessus ses souliers ; par endroit des amas de fumier, les déchets de boucherie, les vidanges » (les latrines sont rares).
Les rares belles promenades sont la place d’Espagne, la rue Ballainvilliers et le bd Trudaine.
Jaude est toujours réputée pour sa puanteur ; d’un autre côté, un immense espace vide est bien pratique pour que s’y tienne le marché aux bestiaux et pour faire manœuvrer les hommes d’arme.
Les échevins publient ordonnance sur ordonnance pour y apporter un remède :« il est interdit de jeter par les fenêtres les eaux usées, les ordures, les raclures de jardin, et autres graviers, vidanges etc »
Heureusement il y a 18 fontaines avec une eau pure venue de la montagne ce qui est un privilège par rapport à d’autres villes de l’époque, mais elles ont aussi leur inconvénient : quand il y a trop plein, l’eau coule dans la rue qui se transforme en bourbier et en patinoire en hiver.

   Ce qui reste des remparts est dans un triste état, englobé dans des constructions, remplacé par des jardins. Les ponts-levis ayant disparu sont remplacés par des barrières pour le prélèvement de l’octroi ; seule la porte Champet subsiste en 1767.
L’intendant (=+/- le préfet) Trudaine en 1731, pense le premier à un vaste programme de démolition et à la création d’un boulevard continu mais c’est son successeur Ballainvilliers qui à partir de 1759 va le réaliser.
Il existait un monticule appelé Terreau (même racine que tertre) à l’emplacement approximatif de la pyramide ; il est arasé pour donner naissance à la place du Toureau que les clermontois vont déformer en Taureau.
Sont aussi crées les rues Ballainvilliers, Georges Clémenceau, Leon Malfreyt et au nord la rue Saint Herem.

   La liaison entre les différents accès à Clermont ne pouvait se faire qu’à travers la ville donc avec moult difficultés ; un ingénieur des Ponts et Chaussées, Lomet, en 1780, propose la création d’un boulevard circulaire que l’on va retrouver dans le plan actuel : élargir la rue des Jacobins, principal accès à la ville mais étroite et pentue, la rue Montlosier dominée par le centre ville et dominant ce qui était à l’époque un précipice (d’où le construction en en 1758 du grand escalier pour faciliter la liaison avec le nord de l’agglomération), bd des Etats Unis, Jaude etc , mais il faudra attendre la fin du XIXème pour voir ces travaux finis.
À l’emplacement de la porte du Cerf, on construit la Halle aux Blés ; à l’emplacement de la Porte Saint Pierre, le Poids de la Ville et la Halle aux Fromages (salle Gaillard).

   La Révolution va entrainer la destruction d’un certain nombre d’églises et la reconversion de bâtiments de couvents en caserne, Préfecture.
À travers les domaines des Capucins et des Visitandines, on prolonge le bd Trudaine avec le Cours Sablon.
Clermont prend ainsi son visage actuel.
Ainsi les remparts n’ont pas servi comme ouvrages de défense mais ont constitué une réserve foncière d’où est issue la ville moderne.