Séjour à Montagnac (2) : Visites de St Guilhem, de Sète et du tunnel de Malpas.
par Michèle C
Le village de St Guilhem le désert, grand site de France, s’est développé sur la rive gauche du Verdus dans le Val de Gellone. En montant la rue principale le regard est attiré par quelques belles bâtisses d’aspect médiéval. Linteaux et fenêtres géminées agrémentent les façades de style roman. La cardabelle, chardon aujourd’hui protégé, accrochée aux portes de certaines maisons sert de baromètre en refermant son coeur. Des artistes et des artisans occupent les échoppes au niveau de la rue. Puis c’est le chevet de l’Abbaye de Gellone qui s’offre à nous La pierre blonde utilisée met en valeur ce joyau de l’art roman languedocien. Place de la Liberté, nous nous trouvons devant le porche qui ressemble à une tour de défense. Au centre de la place trône un platane à la taille impressionnante qui daterait de 1855.
C’est en 804 que Guilhem, cousin germain de Charlemagne, fonde ici l’abbaye St Sauveur de Gellone aujourd’hui classée patrimoine mondial de l’UNESCO. Il a été guidé par St Benoît, lui-même fondateur du monastère d’Aniane. Charlemagne avait offert à Guilhem une relique de la vraie croix qui fait encore aujourd’hui l’objet d’un pèlerinage. A côté de l’église, dans le réfectoire des moines, le musée de l’abbaye renferme une collection de sculptures romanes et des éléments du sarcophage de Guilhem. La révolution sonne le glas des congrégations monastiques avec la vente des bâtiments. Prise en charge dés 1840 par les monuments historiques, l’abbaye restaurée en 1960 retrouve son aspect originel. Aujourd’hui une congrégation religieuse occupe une partie des bâtiments et les ramène ainsi à leur destination première.
La grotte de Clamouse, située quelques km en aval de St Guilhem sur les bords de l’Hérault, a été découverte en 1945. Elle s’étend sur 6 km, mais 1 km seulement a été aménagé pour la visite. Sur deux niveaux de galeries les calcifications de calcite et d’aragonite forment une incroyable variété de couleurs et de formes : stalagtites, stalagmites mais aussi buffet d’orgues, pieuvre … Ce site est admirablement mis en valeur grâce à un son et lumière. Le “Magnificat, poème de Clamouse”, oeuvre musicale diffusée pendant la visite dans la grande salle de la cathédrale est un grand moment d’émerveillement. Rappelons que c’est aussi à Clamouse que fin 1999 Michel Siffre a conduit durant 69 jours une expérience hors du temps.
Visite de Sète et du Bassin de Thau : Notre matinée est consacrée à la visite de l’exploitation conchylicole ” La Noisette d’Oc” à Mèze. Carine Caussel, la propriétaire nous parle de son métier avec passion, de l’importance de la conchyliculture sur le bassin de Thau, du nombre d’exploitants, des normes sanitaires, et de la commercialisation. L’ostréiculteur achète les naissains d’huîtres, provenant souvent de la côte atlantique, qu’il met “en pousse”. L’évolution des huîtres, la vérification de la qualité de l’eau font partie du travail quotidien. Après plusieurs semaines, lorsque les huîtres ont suffisamment grossi, elles sont collées au ciment sur des cordes un peu espacées afin de faciliter leur développement et la qualité; puis les cordes sont immergées. Elles vont croître durant 10 à 12 mois dans l’étang de Thau dont il faut souligner la qualité exceptionnelle des eaux attestée par la présence d’hippocampes. Après nettoyage et calibrage, elles seront prêtes pour la commercialisation. Après que Carine nous ait expliqué comment ouvrir les huîtres sans se blesser, vient une agréable dégustation accompagnée d’un verre de Picpoul de Pinet, AOC local dont les vignes se situent en bordure de l’étang de Thau.
Après un déjeuner typiquement sétois, nous rejoignons l’espace dédié à Georges Brassens né à Sète en 1921. Le musée retrace les principales étapes de sa vie et les audio guides nous permettent d’entendre le poète nous parler de lui-même et de son oeuvre, et d’écouter ses chansons. En face de l’Espace Georges Brassens se situe le cimetière de Py ou il fut inhumé en 1981.
Mais nous voilà déjà partis en direction du port de Sète, prendre le bateau pour une heure de promenade sur le Canal Royal et l’étang de Thau. Sète est le deuxième port de pêche après Boulogne. Les thoniers ne sortent qu’un mois par an tandis que les chalutiers ramènent chaque jour leur pêche à la criée. Le port accueille aussi des ferrys en partance pour le Maroc, des pinardiers pour le commerce des vins et des spiritueux, des navires bétaillers et aussi quelques bateaux de plaisance. La navigation nous emmène du vieux port de Sète à la Pointe Courte qui se situe à la sortie du chenal qui rejoint le lac de Thau. En face, nous apercevons Balaruc et ses Thermes. Le retour s’effectue en longeant le quai du Bosc ou sont amarrés “les pointus” qui sont des barques en bois dédiées à la pêche Le GYSS un pointu de 6,5m qui fut le second bateau de Georges Brassens se trouve là parmi eux. Le retour au port s’effectue alors que s’annonce l’épisode cévenol.
Le Tunnel de Malpas sur le canal du midi : L’après midi du dernier jour, nous visitons une exploitation viticole et prenons la direction du tunnel de Malpas. Le canal du midi est l’oeuvre de Pierre Paul Riquet. Il présente son projet à Colbert en 1662 et les travaux sont lancés en 1666 afin de relier par voie d’eau Toulouse à Sète. Peu avant Béziers, la colline d’Ensérune impose au canal un détour important et coûteux. Riquet propose de creuser un tunnel, solution que refuse Colbert en raison des risques d’effondrements présentés par les grès friables de la colline. Mais Riquet, passant outre, fait creuser un tunnel d’essai en un temps record et impose sa solution. C’est ainsi qu’au cours de l’hiver 1679/1680, fut creusé le tunnel de Malpas d’une longueur de 173 m sous la colline d’Ensérune. Le dispositif est complété par les huit écluses de Fonserannes. Le canal du Midi est classé Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO en décembre 1996.