Séjour randonnée à Sare, Pays Basque, 1er au 8 juin 2024 (2)
par Monique
Le lundi 3 juin, pendant que les courageux grimpeurs affrontent le fort dénivelé de l’ascension de La Rhune, les autres randonneurs partent eux aussi de Sare, avec Fabien, pour un circuit annoncé de « collinettes »…
Un petit aperçu sur les frontons de pelote basque au passage, le lavoir rénové, deux oratoires, et surtout le cimetière plus récent que celui qui entoure l’église et qui comporte de nombreuses stèles discoïdales surmontées du cercle « Lauburu », « quatre têtes » représentant les quatre éléments, et qui symbolise le pays basque.
Plus étonnant encore, un dolmen au centre d’un cromlech qui a été transformé en funérarium autour du dolmen. Nous prenons un chemin escarpé qui nous mène à un col où se trouve un élevage de porcs cul-noir, vieille race locale qui a été sauvée et dont on vante la charcuterie…
Montées, descentes, pique-nique : attention aux tiques ! Mais sur les sommets les paysages sont beaux, nous pensons aux courageux quand on voit la Rhune… Et l’on voudrait bien profiter aussi de son paysage, ce qui serait possible en empruntant le petit train, mais il n’est pas facile d’obtenir des places pour tout un groupe. Pourtant, avec l’acharnement de deux CBNistes têtus, ce sera pour mercredi matin.
Le mardi 4 juin, ce sont « les palombières » au départ du col de Lizarrieta sur la frontière espagnole donc. Après un circuit en forêt et pendant une coupe forestière, on arrive aux palombières de Sare dont le circuit bien aménagé (avec silhouettes en métal) permet de mieux comprendre cette chasse traditionnelle. C’est une chasse à l’affût qui se pratique trois semaines par an en septembre, environ entre le 25 septembre et le premier octobre pendant la migration des oiseaux. Quand les palombes arrivent, des rabatteurs dans des tours de guet utilisent un leurre : ils lancent des palettes de bois peintes en blanc qui simulent le ventre de l’épervier.
En effet, celui-ci attaque ses proies en volant au-dessous d’elles et pour les éviter, les palombes descendent, rasent le col, où les attendent les chasseurs postés près de deux pylônes entre lesquels ils tendent un filet qui capture les oiseaux. Au col se trouve la palombière, une maison en dur où les chasseurs se réunissent pendant les trois semaines de chasse où ils y demeurent pendant le « congé de la plume ». Certains chasseurs attirent aussi les palombes avec des appeaux, et les tirent. La palombe, l’oiseau bleu, est un pigeon ramier, et son chasseur traditionnel le « paloumayre ».
Le soir, c’est la soirée espagnole au VVF, avec menu approprié et tous les convives de la salle de restaurant habillés en dominantes rouge et noir. Belle danseuse de flamenco, et tentatives pour l’imiter…
Le mercredi 5 juin, c’est la Rhune pour tous ceux qui ont renoncé à y aller à pied et aussi ceux qui veulent revoir le paysage du sommet. Il faut dire que le temps s’y prête cette fois, grand soleil qui permet de profiter de la montée en petit train et du panorama magnifique entre mer et montagne, la ville de San Sebastian et toute la chaîne des Pyrénées.
L’après-midi devait être consacré au circuit Errebi, dont la carte montre l’aspect escarpé et sans ombre. La chaleur est telle que les guides décident de l’écourter. Nous partons comme prévu au dessus de la ville d’Ainhoa, à l’Est de Sare, mais après une montée en plein soleil, nous prenons un chemin plus ombragé dominé par des falaises sur lesquelles on peut observer des vautours fauves, on voit même de jeunes vautours dans leurs nids.
Le chemin nous ramène au centre d’Ainhoa, petite ville de caractère… et de passage ! La rue principale suit la seule route importante vers l’Espagne entre Espelette et Dantxarinea. C’est un flot continu de voitures et de caravanes dont il faut s’éloigner pour que nos guides puissent nous parler de culture basque tant la ville en est une représentation modèle :
: les maisons typiques, dont la façade donne toujours à l’Est, avec un renfoncement pour pouvoir travailler à l’abri, et surtout les fameux colombages rouges sombres, verts foncés ou bleu foncés. Traditionnellement, les couleurs correspondent aux maisons des paysans ou des pêcheurs ou marins sur la côte. Et puis les trois bâtiments qui sont toujours essentiels au pays, l’église, le fronton, la mairie. Cette dernière a remplacé la « maison » d’autrefois : « etche », qui était une organisation symbolique à la base des relations familiales.
Elle réunissait les chefs (et cheffes !) de famille de la communauté villageoise ou urbaine. En effet, le chef de famille était l’aîné, garçon ou fille, et les décisions communes se prenaient entre ces représentants de toutes les familles. Cette tradition propre au pays basque a été ruinée lorsque le roi de France a imposé l’héritage aux garçons seuls, ce fut l’époque où les femmes habituées à leur ancienne liberté ont eu du mal à se plier à cette soumission. Le clergé a profité de l’absence des hommes (sur la côte ils partaient à la chasse à la baleine, avec des cargaisons de cidre âpre pour éviter le scorbut. Ce cidre fait toujours l’objet d’une tradition particulière dans la façon de le servir et de le déguster…) pour considérer les femmes trop libres comme sorcières…