Journée de (re)découverte à Cusset et Vichy.
Après une petite heure d’autoroute, le car nous dépose à Cusset à proximité de la tour prisonnière dans laquelle nous nous regroupons autour du guide devant la maquette de la ville du 15ème siècle.
L’origine de la ville remonte à l’an 886 avec la construction d’une puissante abbaye de bénédictines sur les bords de la rivière Sichon. Pour se protéger des troubles environnants et des Bourguignons, Cusset fait appel au roi Philippe-Auguste et devient “ville royale” en 1184 puis “bonne ville d’auvergne” en 1318. Vers 1480, pour renforcer son potentiel militaire face aux bourguignons et aux anglais, le roi Louis XI fait construire autour de la ville un rempart d’enceinte de 1420 m de long, lui même entouré de douves remplies par l’eau du Sichon. L’ensemble comporte 4 tours rondes et 4 portes munies d’un pont-levis et d’un système de galeries de protection à l’intérieur des murs. Puis, à partir du 17ème siècle, murailles, portes et tours sont progressivement détruites. Les douves sont comblées avec les déblais mais encore à ce jour, la vue aérienne de Cusset laisse clairement apparaître le tracé de l’ancienne forteresse.
La tour “Notre Dame” en 1/2 cercle dans laquelle nous nous trouvons, aujourd’hui appelée “Tour prisonnière”, est le dernier vestige au-dessus du sol des anciennes fortifications. Son utilisation comme prison des hommes depuis le 16éme siècle jusqu’en 1960 lui épargna la démolition. Elle témoigne de ce qu’étaient les fortifications avant l’époque de Vauban. Le mur extérieur alterne des pierres claires et grises en basalte qui dissimulaient les meurtrières et dont la forme en bossage permettait de dévier les boulets. Rachetée par la ville en 1968, elle fut transformée en musée en 1968.
Notre suivons ensuite notre guide jusqu’à l’emplacement de l’ancienne porte de Doyat (actuelle place du Centenaire) en empruntant le cheminement de l’ancienne muraille qui avait une épaisseur de 4 m. Un hôtel-Dieu dont il reste le portail et la chapelle fut construit en 1700 à proximité de cette porte qui fut complètement démolie dans les années qui suivirent. Mais sous le bitume subsistent la partie basse des murs et à l’intérieur de ceux-ci les galeries de défense qui étaient à l’époque situées au niveau de l’eau des douves. Fouillées dans les années 1990, elles sont maintenant accessibles. Nous voila donc parcourant un réseau de galeries d’environ 80 cm de large et dont les murs sont percés de canonnières en X donnant d’un côté sur les douves et de l’autre sur les espaces intérieurs de la porte. Des gouttes d’eau tombent du plafond et l’humidité est partout.
Sortis de notre parcours souterrain, un rapide tour de ville nous amène vers la belle maison à colombages et encorbellement du XVème siècle qui abrite l’Office de Tourisme. Sur la place Victor Hugo, nous découvrons la demeure des chanoines et le gigantesque arbre de la liberté planté en 1811 dans la cour de l’hôtel de ville situé dans l’ancienne abbaye des bénédictines. Rue du Marché, nous admirons les portes en ogives et fenêtres à meneaux de l’ancien hôtel Jehan de la Borderie ou fut signée en 1440, la paix de Cusset mettant fin à un conflit entre Charles VII et de grands seigneurs, parmi lesquels son fils, le futur Louis XI.
Revenus à la tour prisonnière, nous rejoignons le car qui nous emmène à Vichy au restaurant “La rotonde”. Un succulent repas nous y attend dans le cadre agréable d’une salle située à l’étage de cet établissement littéralement posé sur le plan d’eau.
Alla, notre nouvelle guide nous attend à la sortie du restaurant et nous entraîne aussitôt vers la ville. Une halte sous les frondaisons du parc Napoléon III lui permet de nous expliquer les 3 origines possibles du nom de cette ville de 26 000 ha. L’une d’elles serait gallo-romaine : “Vicus calidus” signifiant “bourg aux eaux chaudes”. En effet, les romains soucieux de l’entretien de leur corps, construisirent des thermes mais ils ne la buvaient pas. C’est plusieurs siècles plus tard, en 1630, que le premier établissement aurait vu le jour à Vichy : maison rustique avec 2 piscines couvertes, l’une pour les hommes l’autre pour les femmes et une troisième à l’extérieur pour le peuple et les animaux. Les soins du corps commencent sous le règne de Louis XIV. Les médecins comprennent que l’eau thermale possède des minéraux qui soignent. En vieillissant Mme de Sévigné est percluse de rhumatismes et vient faire une cure à Vichy. Ayant retrouvé la capacité d’écrire, elle fait de la publicité pour la ville. Mais c’est surtout à Napoléon III que Vichy doit son développement et sa notoriété. En 1861 il choisit Vichy pour ses cures et permet à cette bourgade de se doter d’une gare, d’un casino, d’un théâtre, de chalets …
Riches de ces explications, nous voici maintenant dans le hall de l’impressionnant Centre thermal des Dômes (170 m de façade) Nous y admirons une borne milliaire romaine indiquant la distance de Vichy à Clermont et, sur les balcons loggias, deux fresques montrant que l’eau peut être à la fois médicament lorsqu’on la boit et source de beauté et bien être quand on l’applique sur la peau. Nous rejoignons ensuite le Hall des sources et nous nous regroupons autour du puits ou jaillit la source Chomel. Elle existait déjà à l’époque gallo romaine et porte encore la marque des divers aménagements intervenus par la suite. Riche en fluor, avec un débit de 42 l/mn et une température de 43,5 degrés, elle est très utilisée pour les cures.
Nous remontons ensuite le parc des sources jusqu’à ce qui fut, à l’époque, le ” Grand casino”. Sa partie centrale en pierre blanche date de 1865 et la marquise de 1910. Au dessous des volutes portant horloge et baromètre, quatre cariatides représentent les saisons. L’opéra fut inaugurée en 1901 avec “Aïda” et le bâtiment a depuis été réaménagé pour accueillir les grandes salles du palais des Congrès de Vichy.
Poursuivant notre visite dans les rues en direction de l’église, la guide attire notre attention sur la beauté des maisons et villas privées qui présentent une grande variété de styles (villa vénitienne, castel flamand, chalet suisse …) Et nous voila devant un ensemble architectural composé de deux églises : devant la vieille église St Blaise qui abrite la Vierge noire se dresse la nouvelle inaugurée en 1931, de style art déco et nommée “Notre Dame des Malades”. Si son aspect extérieur en béton n’est guère engageant, nous sommes surpris par sa forme et sa magnifique décoration intérieure. La nef circulaire, surmontée d’une coupole que traverse un arc en ciel, est éclairée par de grands panneaux de 3 vitraux verticaux. Le choeur, profond, est particulièrement réussi. Ses bas côtés sont surmontés de balcons bien éclairés supportant l’orgue en partie centrale et sa voûte soutenue par 8 colonnes bleues à chapiteaux est superbement décorée de mosaïques illustrant les dons de l’Esprit.
Notre périple continue avec une visite à la source des Célestins. Déclarée d’intérêt public en 1861, cette source jaillit sous le rocher sur lequel s’élevait autrefois le monastère des Célestins. Naturellement gazeuse, avec un débit de 160 l/min et une température de 17,3°, elle est riche en sels minéraux (bicarbonate de soude) et oligo-éléments. Très utilisée en cure de boisson, elle est à ce jour la seule source jaillissant sur la commune de Vichy qui est encore embouteillée et vendue en France et à l’export.
Après nous être désaltérés à la source des Célestins, nous revenons tranquillement vers la Rotonde en parcourant les parcs très agréables qui s’étirent le long de l’Allier. Nous y retrouvons notre autobus qui nous déposera à Ceyrat vers 19 heures. Une belle journée, sans pluie, conviviale, très instructive qui nous a permis de découvrir ou de revisiter le patrimoine historique et thermal de ce coin d’Auvergne ! Merci à CBN !