Visite de la station d’épuration de Clermont Ferrand.
Le 26 juin 2013, environ 25 personnes de CBN visitaient la station d’épuration des 3 rivières. Située sur un vaste terrain arboré, tout près de sucrerie de Bourdon cet équipement construit en 2004 pour les 19 communes raccordées, a été prévu pour traiter les effluents de 425 000 équivalents habitants, soit un débit de l’ordre de 2 m3 / s.
Mais d’ou proviennent les eaux qui arrivent à la station ?
– Les eaux usées (EU) d’origine domestique ( cuisines, salles de bains, WC .. ) représentent la plus grande partie, soit environ 75% du flux.
– Les eaux industrielles. Elles ne représentent qu’une toute petite part et ne sont acceptées qu’après autorisation et sous conditions restrictives. Des installations de traitement ou de prétraitement de leurs rejets sont imposés aux entreprises.
– Les eaux pluviales (EP) dont le débit dépend du temps. Plutôt que de créer des réseaux séparatifs dans les quartiers existants, l’option retenue y est celle d’un réseau unitaire (EU + EP). Ceci s’explique aussi par le fait que les grandes agglomérations comportent de plus en plus de surfaces imperméabilisées (routes, parkings..) L’eau de pluie récupérée par ces surfaces est très polluée, notamment par la circulation automobile et ne peut pas être rejetée telle quelle dans le milieu naturel. Pour éviter que le fonctionnement de la station soit perturbé par l’afflux massif d’EP en cas d’orage ou de pluies prolongées, des solutions doivent être trouvées pour stocker temporairement les EP et les restituer ensuite à la station à un rythme compatible avec son bon fonctionnement.. Ainsi, les nouvelles zones d’activités et d’habitation et certaines grosses entreprises se voient imposer des bassins de rétention temporaires pour leurs EP. Mais comme cela est insuffisant, l’agglomération clermontoise va se doter d’ici à 2021 de 6 grands bassins souterrains de “stockage restitution” des EP représentant un total de 80 000 m3. Le premier sera inauguré en 2017 dans le quartier des Vergnes.
Quelles sont les 4 étapes qui permettent de laver l’eau en un jour et demi ?
– Suppression des gros déchets. L’eau passe d’abord au travers de grilles qui retiennent tous les résidus entraînés qui dépassent 1 cm ( papiers, plastiques ..)
– Suppression des sables et des graisses. Pour cela l’eau décante dans de grands bacs longitudinaux. Les sables et déchets lourds tombent au fond, tandis que les graisses montent en surface et sont retirées par raclage.
– Traitement biologique de la pollution. Cette opération réalisée essentiellement par les bactéries, se passe dans deux immenses bassins (88 m de diamètre, 79 000 m3) Chaque bassin comporte 3 zones circulaires : au centre une zone anaérobie, puis en allant vers l’extérieur, 2 zones avec injection d’air pour booster les bactéries en vue de la suppression des phosphates, de l’azote et du carbone. Une addition de chlorure ferrique à la sortie permet de compléter le traitement des phosphates.
– Clarification. Pour cette dernière phase, l’eau est envoyée dans 4 bassins circulaires (58 m de diamètre, 10 000 m3) ou elle dépose dans le fond les boues provenant de la dégradation des matières organiques. L’eau prélevée en surface qui en ressort a perdu plus de 95% de sa pollution et peut rejoindre le milieu naturel.
Que deviennent les produits qui sortent de la station d’épuration ?
– L’eau épurée. Après avoir été contrôlée, une canalisation lui permet de rejoindre l’Artière à la hauteur d’Aulnat, Mais dans certaines circonstances, elle peut être dirigée vers les lagunes de la sucrerie de Bourdon et être utilisée pour l’irrigation. En effet, un réseau d’irrigation des terres de Limagne proches d’Aulnat puise dans les lagunes ou a été stockée et décantée l’eau de lavage des betteraves de la saison précédente. En cas de forte sécheresse, lorsque la réserve de la sucrerie s’avère insuffisante, les lagunes sont réalimentées par l’eau sortant de la station d’épuration.
– Les boues. La station produit 25 000 tonnes /an de boues humides dont la gestion est confiée à une société spécialisée. Elles sont épaissies et déshydratées en centrifugeuse, puis hygiénisées à la chaux. Jusqu’en 2010, elles étaient mises en décharge. Mais leur composition riche en matière organique, azote, phosphore et chaux les rend intéressantes pour la fertilisation des sols. En 2015, 40% des boues ont été utilisées dans la fabrication de compost. Les 60% restants ont été autorisés à l’épandage sur un périmètre et dans des conditions strictement définis. En effet il faut être extrêmement prudent compte tenu des nombreuses traces métalliques et organiques véhiculées par les réseaux d’assainissement (d’origine médicamenteuse ou de produits de synthèse divers et variés..) et des risques de pollutions des sols et des eaux souterraines que pourrait entraîner l’épandage des boues.
– Les graisses. Interdites en décharge depuis 2002, elles sont dirigées vers un “biomaster” pour y subir une dégradation bactérienne aérobie.
– Les sables. Après lavage, ils sont utilisés pour des travaux de voirie, les autres produits fins vont en décharge
En conclusion
L’agglomération clermontoise possède un outil de traitement des eaux moderne et efficace mais qui doit encore être amélioré. D’ici 2021, 100 millions d’euros vont être consacrés à l’amélioration des collecteurs, à la création des bassins de “stockage restitution” des EP et à une étude concernant la possibilité de créer une unité de digestion des boues avec production de biogaz qui serait soit injecté sur le réseau, soit envoyé vers une cogénération d’électricité.