Voyage à Lège-Cap-Ferret (2)
par Monique
Jeudi, beau temps, départ pour Bordeaux et éloge du cannelé par Johan… Bordeaux, première ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco ; nous y arrivons par le quartier neuf, le long du circuit des deux ponts, bande végétale le long de la Garonne. C’est sur le fleuve que nous aurons la première idée de la ville, sur la péniche « Burdigala ». Il faut rapidement repérer tout ce qui se découvre : la place de la Bourse, les quais autrefois industriels et en bois, maintenant de plaisance et en pierres, le drôle de bâtiment du musée du vin, les carrelets et leurs cabanes (on pêche dans le fleuve, la marée s’engouffre dans l’estuaire et brasse sable et limon, la couleur dorée n’est pas de la pollution), la cathédrale St André, l’ancienne base sous-marine allemande…
Repas dans un restaurant qui occupe l’ancienne gare de la ville (les œufs cuits à 62° sont un délice…), et nous nous retrouvons devant le Grand Théâtre d’où nous partons par petits groupes pour aller voir ce qui nous a le plus tentés, édifices ou magasins de bons cannelés ! Et nous retrouvons Johan pour aller admirer le monument aux Girondins, grande fontaine qui a une histoire. Rappel de la Révolution Française, les deux grands courants révolutionnaires, Montagnards et Girondins, se sont opposés sur leur conception du pouvoir. On sait que les Montagnards l’ont emporté, les Girondins étaient plus proches de la pensée de Montesquieu, grand bordelais. La fontaine est une allégorie de Bordeaux et des idéaux républicains : l’ange laïc brise les fers de la servitude et la République triomphe sur quatre chevaux marins (aux sabots palmés) et piétine l’ignorance, le mensonge et le vice. L’ensemble a été commandé à Bartholdi (statue de la Liberté à New York et … de Vercingétorix à Clermont !) mais un contentieux avec les édiles bordelais l’ont amené à livrer les sculptures… à Lyon ! Bordeaux n’en a récupéré certaines qu’en 1980.
L’histoire de la ville est déterminée au Moyen-Âge par Aliénor d’Aquitaine, mariée d’abord au roi de France puis à celui d’Angleterre : l’Aquitaine devient anglaise et la ville prospère grâce à ses vins. En 1453, les Français récupèrent le territoire à la fin de la guerre de 100 ans, le pays est ruiné.
La ville redeviendra prospère au XVIII ème avec le commerce triangulaire, le marquis de Tournis rase la ville médiévale et construit les belles façades en pierres blondes, calcaires, devenues noires, qu’il a fallu ravaler. La place Gambetta et le Grand Théâtre sont d’influence maçonnique. Après le phylloxéra et le mildiou, un nouvel âge d’or est venu avec le classement à l’Unesco et des maires qui ont marqué la ville : J. Chaban-Delmas et A. Juppé.
Le soir, soirée folklorique au VVF, avec chants à reprendre en chœur…
Vendredi, nous partons pour le village ostréicole de Piraillan, chez Sylvie Latrille, ostréicultrice, qui nous parle de l’originalité de sa profession. Les ostréiculteurs travaillent sur un domaine public maritime qui n’est donné qu’à des professionnels de la mer, ce qui garantit la profession. Il faut les diplômes nécessaires et faire une demande d’installation. Quand elle est accordée, on indemnise la personne que l’on remplace de son bien mais pas du sol qui ne lui appartient pas, et l’on paie une redevance.
Mme Latrille nous parle alors du bassin, puisque les huîtres qu’elle élève ont besoin de la marée (dont elle nous rappelle le fonctionnement), et de ces huîtres fameuses qu’il faut « capter » quand elles se reproduisent, puis « chauler » et élever. La dégustation en bord de bassin (huîtres excellentes et bon vin blanc) est un beau moment.
L’après-midi, nous partons pour une randonnée à la pointe de Lège-Cap-Ferret. Rappel : la Leyre, le vent… ont donné la dune du Pilat. Côté bassin, l’érosion est très forte et on essaie de la freiner par de l’enrochement, des digues de pierres. Un particulier y sacrifie sa fortune, mais il limite l’érosion sur sa propriété et elle est plus forte ailleurs. Faut-il vraiment lutter contre elle ?
Le sémaphore sert à la surveillance du territoire et surtout à la sécurité du bassin, en particulier pour franchir les passes dangereuses vers l’océan. Nous empruntons le chemin appelé « l’abécédaire des dunes » tracé par le Conservatoire du littoral. Ici, on a cherché du pétrole et trouvé… de l’eau, c’est la source des Abbatilles, très pure. Et en bord de mer, nous sommes en forêt. Dès le XVIII ème siècle, on a l’idée d’une plantation de pins maritimes pour consolider le littoral, en arrière des oyats et des légumineuses. Cela contrôle l’érosion mais ne l’empêche pas.
Samedi, nous partons pour Arcachon, la « ville des quatre saisons », quatre quartiers dont ceux d’hiver et d’été sont historiques. Au début du XIX ème siècle, Arcachon n’est encore qu’un petit port de pêche, ce qu’elle reste aujourd’hui en même temps qu’un port de plaisance. Mais la mode des bains de mer thérapeutiques va en faire une ville touristique, sous l’impulsion d’Aldabert de Ganne, ingénieur et architecte.
Il construit la « ville d’été », avec bains de mer qui guérissent tout. Pour attirer les touristes en d’autres saisons, il faut attendre la gare, en 1863, et les frères Peyrère, qui construisent la « ville d’hiver » pour profiter du bon air et soigner la tuberculose dans 45 chalets construits sur un plan hygiéniste pour de riches malades. Après la découverte de la pénicilline, on déserte la ville d’hiver.
Nous déjeunons en bord de mer, chez Diégo, puis après un moment de calme sur la jetée (près de la queue de la baleine), nous partons pour la dune du Pilat, qui doit son nom au gascon : « pile de sable ». Mais pour attirer une riche clientèle, vers 1920, on donne le nom de Pyla à un quartier de plaisance.
Nous y montons par un escalier aménagé, il y a beaucoup de monde mais l’espace est vaste et en haut, le paysage magnifique : la mer, la passe, le banc d’Arguin, le bassin, la forêt immense de l’autre côté,
tout cela par un temps superbe où les couleurs changent sous le soleil. Quelques courageux partent sur la crête le plus loin possible, les autres profitent de la vue avant de redescendre par un sentier tracé en pente douce.
Le soir, notre pot de fin de séjour, avec le personnel du VVF, Johan, sans oublier Thomas qui nous a conduit partout dans un confort parfait, toujours aussi disponible et compétent. Bravo à tous pour la bonne humeur générale ! Ce fut vraiment un très beau séjour.