L’arbre au secours des historiens et des météorologues

Avez vous entendu parler de la « dendrochronologie »? Non; rassurez vous, ce n’est pas une loufoquerie, c’est très sérieux

Chaque cerne correspond à une année de croissance.Vous savez que l’on voit sur la tranche du tronc d’un arbre coupé une succession d’anneaux concentriques. Ils proviennent du fait que, dans nos pays tempérés, l’arbre produit un bois clair conducteur de sève au printemps puis un bois foncé moins conducteur et plus résistant en été et automne. Chaque cerne correspond à une année de croissance sachant que l’anneau extérieur est le plus récent. On peut donc connaître l’âge de l’arbre en comptant le nombre d’anneaux.

Mais l’épaisseur de chaque anneau donne aussi des informations sur le climat de chaque année : anneau large = année favorable à la croissance de l’arbre (pluvieuse ou chaude selon les espèces ou les régions), anneau étroit = année défavorable.

En disposant d’un arbre suffisamment vieux et fraîchement coupé (pour avoir une année de référence), on peut mettre sur un graphique l’épaisseur de chaque anneau et obtenir ainsi une suite d’oscillations qui permettent de remonter le temps.l’épaisseur de chaque anneau permet de remonter le temps

Les savants ont constaté que sur une certaine période, la séquence des oscillations est tout à fait originale : la suite et l’intensité des bonnes ou mauvaises années ne se reproduit jamais à l’identique.

Pour dater un arbre, on compare son graphique avec le graphique type de son espèceEn comparant le graphique d’un arbre dont l’âge est indéterminé avec un graphique type, étalonné, on peut ainsi dater l’arbre en question.

D’où le nom de « dendrochronologie » du grec dendron, l’arbre et chronos, le temps.

C’est aux USA que cette science a été inventée, au début du XXème siècle, pour deux raisons. La première, parce qu’on y trouve des arbres exceptionnels, les séquoias qui peuvent vivre 3000 ans (on l’a surnommé « l’arbre historien »); la deuxième, parce que les sources historique anciennes sont rares, en Amérique du Nord, notre Moyen Age s’appelle Préhistoire chez eux.Aux USA, les séquoias peuvent vivre 3000 ans

A partir de poutres trouvées dans les ruines de pueblos indiens, on a pu savoir, par cette méthode à quelle période le site a été occupé (et aussi s’il a été abandonné à cause d’un changement du climat) , et plus tard, l’analyse au carbone 14 a confirmé les premières hypothèses.

En France, cette science est peu avancée car nos archives sont plus abondantes et les vieux arbres rares. Son utilité porte sur l’histoire du climat, car les relevés météo systématiques datent seulement du début du XIXème siècle.

L’Angleterre est plus avancée car on y conserve pieusement les vieux manoirs : une vieille poutre, quand on se résigne à la remplacer, est une mine d’or d’informations.

Idem en Allemagne où la forêt est plus dense et possède de très vieux spécimens.

En Russie, on a utilisé cette méthode sur de vieux pavés en bois avec lesquels on consolidait le sol des rues des cités historiques.Températures reconstituées à l’aide de la dendrologie

Pour mémoire, il existe aux USA une autre variété d’arbre exceptionnelle, le pin Bristlecone, dont la croissance est très lente (climat froid) et dont l’un des exemplaires vivant a 4700 ans, mais les anneaux sont tellement minces qu’il est difficile de les interpréter.

Voila, j’espère que maintenant vous saluerez avec respect les vieux arbres que nous croiserons, ils sont notre mémoire.

J’ai tiré ces infos du livre de E. LE ROY LADURIE « Histoire du climat depuis l’an mil »      

http://www.laboratoire-lae.com/dendrochronologie.html