Retour vers le passé : l’embouteillage de LAPALISSE

par Georges

   La route 66 aux États-Unis est mythique : c’est celle de l’exode des chômeurs de l’Est du pays vers l’Eldorado de la Californie.

   C’est un exode plus temporaire qu’a connu la Route Nationale 7, de Paris à Menton, dans les années 50-60. A l’aube des Trente Glorieuses, avec 3 puis 4 semaines de congés payés, les familles, de plus en nombreuses à être équipées d’une automobile, se ruaient vers la Méditerranée pour les vacances.

   L’équipement routier était inadapté : la route utilisait la rue principale des villages, les vacanciers s’y mêlaient à grands coups de klaxons à la circulation locale, aux motos, aux vélos, dans un capharnaüm qui est resté dans les mémoires.

   Il y a 15 ans, une association a reconstitué à Lapalisse un de ces embouteillages mythiques : il a lieu tous les 2 ans, le 2ème week-end d’octobre, mais le plus spectaculaire se produit le samedi.
800 véhicules, ceux que nous avons vus circuler dans notre enfance, Citroën Traction, 2CV et DS, Peugeot 203 et 403, Renault Aronde, 4CV, Dauphine, Panhard s’y croisent, environnés d’une nuée de vélos, mobylettes et autres motobécanes.
Les galeries de toit sont chargées de valises, de jouets, de matériels de camping ; d’autres traînent une remorque ; chacun est costumé “vintage”.

   De temps en temps les sifflets des motards de la gendarmerie (qui arrivent bien sûr trop tard), le pin-pon d’une ambulance qui essaye de se frayer un chemin…
Périodiquement tout s’arrête, les chauffeurs descendent de voiture pour voir ce qui bloque, causer avec la voiture d’en face…

   La foule des visiteurs se presse sur les deux trottoirs ; il faut jouer des coudes pour ne pas avoir une tête devant la scène que l’on veut photographier.

   Au bord de la Besbre, un camping est reconstitué : les caravanes ont des formes bizarres ; l’intérieur est sommaire ; un lit et un coin cuisine pour les plus confortables.

   Des marchands proposent tout ce qui peut avoir un rapport avec l’évènement : antiquités d’époque, plaques, tee-shirts, pièces détachées…
On est loin des préoccupations de notre époque ; pendant 3-4 heures, on respire les pots d’échappement, on est assourdi par le bruit, les klaxons.

   Les participants viennent essentiellement de la région : chaque grange devait abriter une Aronde, une 203 qui ont été repeintes, bichonnées par le propriétaire ou des passionnés.
Rejoindre par ses propres moyens Lapalisse puis avancer au pas pendant plusieurs heures laisse néanmoins penser que ces mécaniques ont la vie dure…