NEUVY sur BARANGEON 21-28 septembre 2024 (3)

par Monique

     Jeudi, une matinée de repos, et le départ pour Gien et sa faïencerie, Briare, son canal et son pont-canal.
    On connaît la renommée de la faïence de Gien, dans la grande tradition française de cet artisanat de luxe. Cette faïence est une céramique, dont le nom vient du terme grec qui signifie « argile » et dont les différentes formes sont le grès, la porcelaine dure, la poterie, la faïence stannifère, la faïence fine, la porcelaine tendre. Les ateliers de Gien fabriquent de la faïence fine, en plusieurs étapes qui respectent une longue tradition de savoir-faire : à partir du bureau de création jusqu’au conditionnement et en passant par le modelage, le laboratoire, la préparation de la pâte, le calibrage, le coulage, le démoulage, le garnissage, le finissage, la cuisson (elle-même en trois étapes), le brossage, l’émaillage, la pose du décor par chromo, le filage, l’impression main, la peinture à la main, le contrôle-qualité, on obtient un objet d’art d’une qualité qui justifie son prix (peu abordable…). Les thèmes de décor sont à la hauteur de cette qualité d’exception : le vivant, personnages, bords de Loire, promenade en forêt, barbotine impressionniste, cubistes à Gien, extravagances, souvenirs d’enfance, oiseaux, 1001 fleurs, voyage-voyage… Ce haut lieu de création est aussi un véritable musée.

     Briare est connue pour son canal qui double la Loire et qui en a fait une ville active et riche, ce que l’on constate en la parcourant en petit train. Le pont-canal est encore plus impressionnant, et la péniche sur laquelle nous allons dîner (un fort bon repas) l’emprunte alors qu’il fait déjà nuit, mais le pont-canal est bien éclairé et l’ambiance chaleureuse à bord.
    

Vendredi, nous partons le matin pour le château de Menetou-Salon. La guide nous accueille dans le parc où va nous suivre gaiement le chien du gardien. Le premier château du XI ème a disparu, au XII ème les contes de Sancerre construisent un château fort acheté au XV ème par Jacques Cœur. Charles VII confisque le château en disgraciant Jacques Cœur. En 1773, il appartient aux princes d’Arenberg, allemands, qui le récupèrent après la Révolution avec les 2100 ha alentour. Il fait l’objet de grands travaux au XIX ème, modifié 17 fois, inspiré du palais de Jacques Cœur en néo-gothique.
    Le château était très moderne au XIXème, avec eau courante et chauffage ; il est toujours habité par la famille Arenberg qui reste très attachée au village et qui est passionnée d’art contemporain. Les pièces offrent un mélange d’œuvres anciennes (sculptures, peintures, mobilier) et d’œuvres contemporaines. Si les propriétaires sont souvent en voyage (d’affaires), le château est manifestement habité, entretenu comme un lieu où l’on réside souvent. C’est ainsi que l’on ne visite que quelques pièces et que l’on revient dans le parc pour voir le local qui abrite le moteur à pétrole du chauffage du XIX ème, mais surtout la sellerie qui, si elle a conservé les équipements pour chevaux, a été transformée en garage pour des montures plus modernes : c’est un véritable musée de voitures de luxe anciennes, toutes en état de fonctionnement, dont les messieurs reconnaissent les marques de prestige.

    L’après-midi, nous partons pour Bourges, accompagnés par le directeur du VVF qui nous présente la Sologne et le Berry ; les habitants de sa capitale, Bourges, sont des Béruviers. Malgré la richesse des propriétaires des domaines que nous avons souvent longés, cette région a un sol pauvre, peu boisé autrefois et reboisé au XIX ème. C’est maintenant un pays de forêt et d’étangs dont chacun en alimente un autre et que l’on entretient pour la pisciculture. Quant à la forêt, elle est composée de petits arbres car il y a peu de terre (rien à voir avec les grandes chênaies prestigieuses), mais maintenant, l’école de la forêt s’emploie à repenser le reboisement.
    Lorsque nous arrivons à Bourges, les circonstances nous rattrapent. Un ancien combattant qui résidait près du domaine de la Grande Garenne est décédé, et l’intérieur de la cathédrale n’est pas accessible, occupé par des obsèques ; nous voyons la multitude des drapeaux d’associations d’anciens combattants qui entrent dans le bel édifice dont nous ne verrons que l’extérieur. La guide des lieux s’efforce de combler au mieux cette déception. Bourges est située à un endroit stratégique, au croisement de grands axes et sur un promontoire (rare dans cette région) qui fait que la ville est déjà un lieu important pour les Bituriges en Gaule. Il y aura ensuite un rempart gallo-romain, et déjà une cathédrale romane au XI ème siècle. C’est en 1195 que Henry de Sully en fait une cathédrale gothique en même temps que se construit Notre-Dame de Paris. Les deux archevêques, de Bourges et de Paris, rivalisent dans leurs chantiers. À Bourges, on commence par le chevet, puis une chapelle basse (et non une crypte souterraine), et plus tard la nef. Il n’y a pas de transept, la composition est pyramidale, c’est la cathédrale la plus large de France, avec cinq portails. Le portail principal présente un Jugement Dernier, avec un Christ en gloire entouré d’anges portant les objets de la Passion, et la représentation du paradis et de l’enfer. Les sculptures étêtées l’ont été par les Protestants. Elles étaient polychromes, mais la pierre est fragile.

    Nous montons dans le petit train qui parcourt la ville, s’arrête aux feux et redémarre… brusquement sur les rues pavées, mais qui nous évite la pluie pour nous montrer les maisons anciennes à colombages malgré les destructions de l’incendie de la Madeleine en 1487. Le palais de l’archevêque, celui de Jacques Cœur (grand commis de l’État au XVI ème ) qui était de grand confort à son époque, et les enluminures des « Très riches heures du duc de Berry » rappellent l’importance de la ville, et sa richesse ; de même les hôtels particuliers dont un fut le QG du Maréchal Foch.
    Quelques moments libres dans la ville : on peut aller voir discrètement l’intérieur de la cathédrale ou l’exposition de l’office de tourisme qui présente de belles reproductions des vitraux que nous n’avons pas pu admirer…

    Au retour, le directeur du VVF nous réserve une surprise : nous allons prendre notre apéritif de départ chez un comte qui entretient passionnément son château, peut-être moins riche que ceux que nous avons visités auparavant, mais qui nous reçoit dans une belle salle avec feu dans la cheminée, et qui a l’élégance et la courtoisie de la vieille noblesse française, avec de l’humour !

    Nous repartons pour l’Auvergne le samedi matin, avec le souvenir d’un séjour pluvieux (ce n’est pas habituel pour CBN !) dans une région dont les caractères sont aussi inhabituels dans nos découvertes : comment dire ? Plus discrète (sans la mer ou la montagne), avec un passé prestigieux dont elle est nostalgique, ce qui lui donne un petit air désuet. Bien sûr, il y a la gloire de Gien ou de Chambord, mais beaucoup de lieux sont plus secrets, ce qui n’exclut pas un certain charme que nous avons goûté dans la sympathie toujours présente entre nous, et à laquelle Luis s’est tout-à-fait intégré en nous conduisant sereinement partout. Merci à toutes et tous.