Passion d’adhérent : Celle de Georges.

-CBN : Georges, tu m’as dit un jour que tu collectionnais les casques ; comment t’est venue cette passion ?

-Georges : Enfant, je jouais aux petits soldats et je lisais les « histoires de l’oncle Paul » dans Spirou. Cela m’a fait aimer l’histoire ; « le Jour le Plus Long » a été mon livre de chevet plus tard. Avec mes premières payes, j’ai eu l’occasion de m’acheter un casque à pointe, 10 francs, ils ne valaient rien, il y a 50 ans. Plus tard, mon premier patron m’a offert son casque, un modèle 1915, avec son nom gravé. Mais je m’y suis lancé sérieusement plus tard, faire les brocantes était le seul moyen de se procurer du matériel à cette époque et j’ai découvert ainsi qu’on pouvait y trouver des objets que je considérai comme de musée.

casque5113-CBN : par quoi as tu commencé et t’es tu restreint à une époque ou à un type particulier ?

-Georges : je collectionne les « casques militaires du XXème siècle », pour faire pompeux. En fait, avant, seuls les cavaliers portaient un casque. Quand la guerre était de mouvement, il ne servait à rien de protéger une partie particulière du corps. Mais quand, fin 1914, les combattants se sont enterrés dans les tranchées, la tête était la partie la plus exposée, on a donc réinventé le casque, obsolète depuis la Renaissance.

J’ai commencé avec les casques français de la Première ou Seconde Guerre Mondiale (GM) qu’on trouvait pour trois sous dans les brocantes ; ils avaient des insignes différents selon les armes, cela donnait de quoi chercher. Au début j’étais prudent dans mes achats, je soupesais, comparais, discutais avec les marchands. On trouvait aussi des casques d’autres nationalités, mon premier achat conséquent a été un casque américain de la  fin de la Seconde GM. La chute du Mur a vu affluer des casques de l’Est. Donc je ne me suis pas restreint sauf pour une raison de prix

-CBN : en pratique, comment se passent les acquisitions ou les échanges ?

-Georges : j’ai récupéré un casque dans ma famille ; il y a eu plusieurs phases dans les lieux d’achat: en premier les brocantes, plus tard, les bourses « militaria », ensuite “ebay” qui est une brocante mondiale. Tant qu’on restait à un échelon local, on ne payait pas cher tout ce qui était « exotique », mais avec “ebay” ce n’est plus le cas : un casque japonais ne valait rien à Clermont mais intéresse un acheteur des USA, donc les enchères montent très haut.casque5116

-CBN : est ce que tu es amené à restaurer des casques ?

-Georges : oui, je ne suis pas un fanatique de l’authenticité, je cherche à boucher des cases dans la collection. Au début, comme les casques étaient bon marché et le casque français facilement démontable, j’en faisais un bon avec deux épaves. Plus tard, il a fallu que je sorte mes outils, pour souder, façonner des rivets, parfois découper, je suis devenu bourrelier pour les coiffes, couturier pour les jugulaires. Plus tard s’est créé un marché de la pièce détaché, particulièrement avec la chute du Mur, les tchèques sont très forts pour ça ; donc on trouve facilement des pièces détachées, je ne m’embête plus. De plus sont arrivées des copies complètes, qui paraissent vieilles de 70 ans. J’ai rencontré un normand qui récupère des casques belges d’après guerre et les re-habille de la manière la plus authentique. J’ai donc de telles copies 100%, en général de casques très rares, voire même introuvables.

-CBN : qu’est ce que cette passion t’a apporté ?

casque5117-Georges : l’histoire m’intéresse; en pouvant toucher un objet emblématique du passé, je remonte dans le passé. L’histoire des casques est inséparable des grands évènements du XXème siècle. Par exemple, l’Irlande, qui une fois devenue indépendante en 1921 contre l’Angleterre, a choisi pour sa petite armée, le modèle allemand de la Première GM (« les ennemis de mes ennemis sont mes amis »). Mais le traité de Versailles interdisait aux allemands d’exporter du matériel militaire ; donc les irlandais ont acheté seulement le brevet du casque allemand et sont allés demander à l’industrie anglaise de les fabriquer ; je pense que les anglais ont bien ri avec cette commande…

-CBN : Merci beaucoup Georges de nous avoir fait partager ta passion.