Une passion : le tournage sur bois
(Claude V.)
CBN – Bonjour Claude, tu réalises de magnifiques objets en bois. Quant et comment as-tu commencé ?
Claude – A deux ans de la retraite, comme je travaille de mes mains depuis l’âge de 14 ans, je me suis dit qu’il me fallait une occupation pour mon futur temps libre. Pourquoi pas le travail du bois ? L’inconvénient, c’est que cela fait du bruit et j’habite une copropriété. La vue d’un tourneur un dimanche dans une fête de campagne a été le déclencheur, il m’a expliqué tous les avantages du métier et m’a dit que l’investissement pour démarrer était faible : 600 €
CBN – De quel équipement disposes-tu ?
Claude – Pour les débuts, un tour (à poser sur l’établi) et un coffret de gouges suffisent pour réaliser 90% des babioles que fabrique un amateur. J’oublie de préciser qu’il faut aussi l’outillage d’un bon bricoleur (scie, perceuse, équerre) et autre petit matériel (colle, vernis) plus le papier de verre pour cacher les imperfections d’un débutant, et il y en a beaucoup. Un petit établi au fond du garage suffit pour réaliser toute ma production. Lunettes et masque (à la japonaise) sont indispensables.
CBN – Comment choisis-tu ton bois et où t’approvisionnes-tu ?
Claude – Pour les matériaux, le bois vient de ce que je ramasse en balades, surtout les morceaux tordus, noueux où même échauffés, ce qui donne une teinte et des effets qui font ressortir les veines du bois. Je vais aussi me servir dans le bûcher ou le jardin de nos camarades de C.B.N, Alain, Jacques, Roger, Guy font partie de mes fournisseurs. Tous les arbres fruitiers ont un grain facile à tourner. Un copain me ramène de l’olivier du midi et l’entreprise qui entretient nos espaces verts me donne de l’if et du buis, des bois nobles pour un tourneur. Le bouleau est d’un travail facile, il a la teinte du vieil ivoire.
CBN – En fonction de quoi choisis-tu le où les objets à réaliser ?
Claude – J’ai commencé par la facilité (toupie, champignon). Puis est venu le creusage avec les coquetiers, les pots à crayons, les moulins à poivre et à muscade (avec l’achat des mécanismes dans des magasins spécialisés). Des livres achetés sur ce passe-temps me donnent tout un tas d’idées. Une recherche sur internet, (tournage du bois) me fait encore plus rêver.
CBN – Est-ce que tu établis préalablement un plan coté de l’objet à réaliser ?
Claude – En dehors du tourneur professionnel, qui lui travaille avec des mesures, j’utilise rarement le mètre, en revanche le compas et le pied à coulisse sont toujours présents. Quant à faire un croquis, je suis tellement mauvais en dessin que j’ai renoncé, et pourtant je remarque tout de suite une courbe qui n’est pas élégante. Rien de plus difficile que de tourner un œuf où du moins de lui donner la forme que lui a offerte la nature, et pourtant cela paraît si simple.
CBN – Quelles sont les finitions qui donnent un si bel aspect fini ?
Claude – Le papier de verre de différents grains et du bouche-pores (fondur) passés à plusieurs reprises donnent un poli suffisant pour vernir où cirer. C’est la cire de Carnauba (végétale) qui donne ce brillant ressemblant à du vernis. L’aiguisage des outils est primordial. Le bois arraché pendant le tournage laissera toujours un fini désagréable et aucun artifice ne pourra le cacher.
CBN – Peux-tu donner des exemples de temps passés sur quelques réalisations ?
Claude – Je passe souvent plus de temps à la préparation du morceau de bois qu’au tournage même. Façonner à la main dans une bûche destinée au chauffage une pièce avec quatre cotés égaux (équilibrage) et ce sans machine, occupe bien. Tourner et polir une toupie demande 15 minutes. J’ai mis 4 mois à fabriquer le berceau. En moyenne faire un objet demande 3 jours: le 1er pour trouver le bon morceau et le façonner, le 2eme pour le tournage et la préparation au vernissage ou cirage et le 3eme pour la finition. Je bricole en général 3 heures par jour.
CBN – Que t’a apporté ce travail ?
Claude – Etant toujours artisan dans l’âme, le bel ouvrage me réjouit, j’avoue humblement être fier de moi quand j’ai réussi une belle pièce et je suis heureux d’occuper toujours mes mains. C’est le rêve et le bonheur, car il y a toujours plus beau et plus difficile à réaliser.
CBN – Merci beaucoup Claude de nous avoir fait partager si bien ton passe temps !