Saissac (2)

par Monique et Marie-Françoise

     Après ce moment de petite navigation sur le canal du Midi, nous allons tout comprendre de sa construction ! Il va de Sète à Toulouse, l’évêque de Narbonne ayant refusé de financer la partie narbonnaise, il a fallu ensuite construire le canal de la Robine pour y relier la ville. La Rigole qui récolte les eaux de la Montagne Noire descend de Saissac à Saint-Ferréol. Le canal est vert, car, peu profond, il est tapissé de feuilles de platane. Dans 15 jours, il sera fermé pour nettoyage.      Nous avons pris une petite route accidentée et nous arrivons à Saint-Ferréol : restaurant d’abord, puis nous marchons le long de la réserve dont les eaux sont bien basses, et nous arrivons au musée. Il explique remarquablement l’histoire de l’entreprise de Pierre-Paul Riquet, la suite que Vauban en a donné, le détail technique de son fonctionnement : il s’agissait d’alimenter le canal et de monter l’eau au point le plus élevé à franchir. Les tableaux sont clairs et le film qui les complète tout aussi pédagogique. Nous descendons par groupes au tunnel des robinets qui régulent le débit du barrage rehaussé par Vauban, les robinets datent du XIX ème, il y a même un petit son et lumières dans le tunnel… Au retour, un petit arrêt aux Cammazes nous permet de passer sous la voûte Vauban, un tunnel de 125 m où nous longeons la Rigole.

     Le soir un auteur compositeur chante ses chansons et quelques autres…

Château de Saissac.

     Le lendemain, pas de trajet en car, Cécile nous rejoint l’après-midi pour une randonnée dans « la promenade », joli circuit dans le bois le long de la Rigole, jusqu’à un belvédère d’où l’on voit la vallée, l’église, le château que nous rejoignons dans les rues pentues du village. C’est un château cathare, Bertrand de Saissac étant gagné à l’hérésie, mais il s’est rendu pendant la croisade pour éviter un massacre. Le nouveau maître des lieux a fait détruire le castrum (l’ancien village autour du château) et il a été reconstruit au-dessus. Le musée raconte cette histoire, et comme on a trouvé un trésor de pièces royales, il y a une exposition intéressante sur l’économie du Moyen-Âge.

     Le soir, belle soirée dansante !

     Le vendredi, la météo s’est mise au beau fixe : on voit les Pyrénées et il y a neigé. Nous partons pour le Minervois, où l’on cultive l’olivier, les chênes truffiers et bien sûr la vigne, où l’on a des « mazets », nos « tonnes » auvergnates, et des tours de guet utilisées maintenant pour la surveillance contre les feux. Nous remontons en hauteur, belle route de montagne, et nous arrêtons au belvédère qui domine Minerve. Il faut gagner la ville à pied, grimper dans les petites rues pentues, descendre dans les gorges de la Cesse qui passe même sous un tunnel naturel, et remonter au restaurant qui vaut bien cet effort !     Nous repartons pour Causnes-Minervois dont l’abbaye a été restaurée après une inondation : on a ainsi retrouvé des sols du XII ème dont une belle calade, chapelles et nef sont du XIV ème, celle restaurée au XVIII ème comme le cloître. Mais le plus impressionnant est le chœur en marbre rose (même le lutrin !), toujours exploité ici par des français et des italiens. Le maître-autel et l’arrière comptent quelques trente couleurs de marbres. Les stalles sont de la même époque mais la voûte est un pur roman du XI ème, et au-dessous, la crypte remonte au VIII ème : en 791, Anian, moine bénédictin, s’est installé ici sur un site probablement païen.

Lastours et les 4 chateaux

     Nous prenons la vallée de l’Orbeil, où il y avait des mines d’or, et nous arrivons au belvédère des châteaux de Lastours, quatre châteaux indépendants sur un piton rocheux dans un paysage magnifique sublimé par le soleil rasant : moment magique.

     Samedi, direction les Pyrénées, enneigées et dont toute la chaîne se voit de Saissac sous le ciel bleu. C’est une autre montagne que nous parcourons jusqu’au « Pog » (pic, puy) de Montségur. Sur le lieu même du bûcher (à 1000m, le rocher lui-même est à 1207 m), le guide archéologue qui nous reçoit nous en conte l’histoire. Le lieu a été occupé dès 4000 ans avant J.-C., les documents écrits les plus anciens datent de 1204 alors qu’il y a là un château cathare (c’est la capitale du catharisme « le lieu sûr ») qui va être détruit en 1244. Le guide nous rappelle le dualisme du catharisme : les cathares sont des chrétiens qui croient en un Dieu bon, mais qui n’est pas tout-puissant : le problème du mal leur fait admettre un autre principe qui en est responsable. Mais le pays est catholique et le pape Innocent III prend peur de cette interprétation qui se répand, il ordonne une croisade qui durera 50 ans. Le pog est une ville fortifiée qui abrite entre 500 et 1000 personnes, dont 200 guerriers qui vont résister à 2000 et parfois 4000 croisés. Le siège a été long et le rocher a été pris après une escalade par le côté le plus abrupt une nuit d’hiver, appuyée par les catapultes de l’assaillant. Le 2 mars, les assiégés se rendent, les croisés leur demandent d’abjurer et ceux qui refuseront seront brûlés vifs le 16 mars.      Nous allons voir les images de cette histoire au musée de Montségur, nous avons renoncé à grimper vers le château qui n’est plus cathare puisque rasé et reconstruit par les vainqueurs. Nous repartons pour Mirepoix dont la bastide est superbe : les arcades autour de la place centrale, en particulier celles de la maison des consuls, ont de belles sculptures en bois qui rappellent nos chapiteaux romans. La cathédrale a une base romane, la nef est large mais l’édifice est déjà de style gothique-languedocien.      Sur la route du retour, nous nous arrêtons à Fanjeaux (patrie de St Dominique) pour aller jusqu’au panorama à 180 ° d’où l’on voit toute la plaine, la Montagne Noire, les Pyrénées, le Canigou…

     Le soir, apéritif traditionnel avec Cécile, le personnel du VVF, Thomas bien sûr qui nous conduit partout avec calme et grand confort, toujours prêt à aider quelqu’un quand il le faut. Merci à lui, et à tous pour la gentillesse et la ponctualité de chacun.

     Au retour, les belles routes de l’aller dont nous savons maintenant plein de choses : si les lieux de visite ont eu leur propre guide, tout ce que nous avons appris par ailleurs vient du grand savoir de Cécile, les erreurs possibles ne viennent que de ma prise de notes…