Séjour en Normandie (1)
par Monique et Jean-François
29 septembre 2019, tôt le matin : la route est longue et le soleil d’Auvergne se cache en allant vers le Nord-Ouest : la pointe normande réputée pluvieuse nous offrira à la fois de belles éclaircies et de belles bourrasques, dans cette station balnéaire du Cotentin : Port Bail.
Dès le lendemain, riche journée touristique dans le Val de Saire, côté Est de la presqu’île : vaste paysage plat consacré à l’élevage bovin, coupé de haies avec de tout petits hameaux isolés. Les toits sont pentus, non pour la neige mais pour la pluie ! Les gros bourgs, eux, témoignent de l’Histoire (forteresses des ducs de Normandie) et les églises ont le « clocher normand », carré, solide. Nous arrivons à Cherbourg, port militaire maintenant sous-marin, à l’abri de sa fameuse rade. Nous faisons une pause au château de Tourlaville, de style Renaissance, au milieu d’un grand parc public foisonnant d’espèces végétales dont certaines sont protégées dans une belle serre XIXème.
Nous reprenons la route pour longer la côte jusqu’à la pointe de Barfleur, plus beau petit port de la Manche mais condamné à disparaître : la côte recule depuis le Moyen-Âge ! C’est ici que Guillaume le Conquérant aurait embarqué pour l’Angleterre. La « blonde de Barfleur » est… une moule sauvage ! Dans le village, épis de faîtage et statues émaillées sont caractéristiques. L’église est trapue, sa construction s’est étalée sur 223 ans, elle possède deux belles piétas et une Visitation de l’École flamande du XVIème.
Le phare de Gatteville est le deuxième phare le plus haut de France (après celui de l’Ile Vierge), ses dimensions ont été choisies dans un registre symbolique et il domine un petit port de plaisance.
Nous traversons des champs immenses de poireaux, de choux, de carottes, et même de persil ! C’est le pays des primeurs, et d’ailleurs nous allons déjeuner à St Vaast la Hougue sous une serre pleine de verdure, mais il faut être à l’heure pour embarquer pour l’île Tatihou : le bateau n’attend pas, et il est peu commun, il a des roues… Il va sur l’île sur roues à marée basse, mais nous sommes à marée haute et il part… sur l’eau. L’île est minuscule, tout au bout il y a un fort et une tour Vauban, symétrique d’une autre sur la côte, il y a des dentelles d’Alençon sur les vieilles pierres militaires. Le musée de la marine expose ce que l’on a retrouvé de la bataille de la Hougue (1692) et explique la recherche archéologique maritime. Au retour sur la terre ferme, nous contemplons tout ce que l’on vient de visiter depuis la colline de la Pernelle.
Le lendemain, départ à pied pour la ville de Port-Bail que l’on rejoint en passant sur le pont aux treize arches qui laisse passer la mer à chaque marée. Nous sommes à marée haute, la mer s’engouffre dans la terre, à marée basse, elle reflue sous le pont. Près de l’église St Martin, on a mis à jour un magnifique baptistère de VIème où les catéchumènes étaient immergés. Nous revenons par la côte, dans les dunes appelées des « mielles », la mer est agitée, de tous les tons de gris, l’île de Jersey est toute proche.
L’après-midi, direction Cherbourg. Au loin, les installations nucléaires de Flamanville, d’où partent des lignes à haute tension. Cherbourg a perdu son arsenal au profit de Brest et de Toulon, mais la ville a été très importante pour le Débarquement. C’est un port d’importations et de départ de croisières, sa rade est la plus grande rade artificielle du monde. Les forts en mer sont inhabités.
Nous longeons la mer en direction de la Hague, d’un mot viking signifiant « contrebandiers » » ou… « douaniers » … Nous arrivons à Omonville la Petite où Jacques Prévert aimait se retirer : jolie marche dans le village jusqu’à sa maison.
Nous repartons vers le cap de la Hague, le port de Goury, en traversant des villages aux rues étroites.
Nous nous arrêtons au Nez de Jobourg, le site est très beau, sur la falaise au-dessus d’une mer étrangement éclairée par le soleil de fin d’après-midi, c’est un moment un peu irréel. Au retour, nous longeons l’usine de traitement des déchets nucléaires dont on ne voit que des bâtiments neutres et de grandes cheminées. L’usine a pris les 3/4 d’une petite commune, nous sommes à 15 km de Cherbourg.
Le soir au VVF, chants et danses folkloriques des « Bichenots » dont le volume et la dentelle des coiffes des dames augmentent avec la richesse !