Semur-en-Auxois, 24 septembre au 1er octobre 2023 (1)

par Monique

    La Bourgogne n’est pas très loin, nous pouvons partir cette fois en tout début d’après-midi seulement, en plein soleil malgré la saison, et dans le grand confort de la conduite de Thomas que nous retrouvons avec plaisir. A89, puis A6, et les petites routes qui conduisent au « plus beau VVF de Bourgogne » selon son directeur ! Celui-ci nous accueille et nous donne tous renseignements utiles, et, en effet, les maisons sont spacieuses et bien équipées, disséminées dans une forêt bucolique, et pourtant faciles à repérer : nous ne nous perdrons pas comme ce fut le cas dans une autre forêt !

     Le lundi, nous faisons connaissance avec Annie qui nous guidera toute cette semaine et nous prenons la route pour Semur-en-Auxois, prononcer « aussois » : le mot, ainsi moins agressif, correspond mieux aux courbes douces de cette région de Bourgogne ! La ville de Semur ne compte que 4500 habitants et pourtant elle offre de nombreux équipements (hôpital, lycée hôtelier…) C’est qu’elle a une longue histoire marquée par un collège de chanoines dont demeure une église collégiale en gothique flamboyant des XIII ème et XV ème. A l’extérieur, nous remarquons à l’étage de la façade les « maisons de sonneurs » qui habitaient là pour sonner le rythme du travail, à l’intérieur en particulier la mise au Tombeau polychrome, les vitraux des corporations des tanneurs et bouchers : nous sommes dans une région d’artisanat et d’élevage.

     Nous continuons dans la ville dont les remparts ont conservé quatre tours, il reste de nombreuses maisons à colombages, les portes du XIII ème et XV ème dont l’une affirme : « Les semurois se plaisent fort en l’accointance des estrangers »… « La course de la bague », course hippique de trois km dont le vainqueur gagne une bague en or, a lieu tous les ans depuis 1739 et rend hommage à une race de chevaux de trait de la région.

     L’après-midi, nous partons pour Montbard par les monts de l’Auxois couverts de forêts et à leurs pieds de pâturages. Région agricole donc, mais aussi de tradition métallurgique ancienne (les fouilles archéologiques d’Alésia ont révélé un four de bronziers) c’est aussi une région de passage. Buffon (mais oui, le naturaliste né à Montbard en 1707), passionné de mathématiques et de sciences naturelles, fait des expériences sur le minerai de fer à 60 ans et décide de construire sa propre forge sur ses terres en 1766. La grande forge de Buffon a fonctionné jusqu’en 1866, puis a été transformée en cimenterie jusqu’en 1923. On peut maintenant la visiter. C’était un ensemble intégré comportant l’usine, le haut-fourneau, la chapelle, l’école, les maisons des ouvriers (30 à l’année, jusqu’à 400 avec les saisonniers), la maison de Buffon et celle du maître-fondeur. Le minerai de la région devait être fondu à 1200 ° dans un « gueuloir », on faisait une coulée deux fois par jour dans un moule de sable et l’on pouvait admirer la coulée de fonte de la terrasse du haut-fourneau, en ce XVIII ème épris de sciences et techniques. Un bief amène l’eau par le canal de l’affinerie pour faire fonctionner les machines qui affinent le métal. Le four à chaux en forme de bateau contient les foyers pour décarboner. Les bâtiments, même industriels, sont de style XVIII ème, magnifiques.

     Nous repartons pour aller à quelques km à l’abbaye royale de Notre-Dame de Fontenay. C’est une abbaye cistercienne, l’ordre de Cîteaux a été fondé par Robert de Molesme pour restaurer la rigueur bénédictine, il est rejoint par Saint Bernard qui va fonder d’autres abbayes soumises à la règle de Saint Benoît, dont Clairvaux en 1115 et Fontenay en 1119. Il y aura ici jusqu’à 200 moines, prieurs et convers, qui se veulent isolés mais il y a une hostellerie pour les pèlerins, une boulangerie, on pratique la pisciculture. L’abbaye a été florissante tant que le Père abbé a été élu, elle décline quand il est nommé par le roi. Elle n’a pas été détruite à la Révolution parce que transformée en papeterie, puis restaurée début XX ème. La façade de l’église abbatiale est sobre, à l’intérieur la lumière vient par les bas-côtés et conduit au chœur selon l’heure du jour. L’ordonnance des vitraux dans le chœur permet un jeu subtil de la lumière avec la pierre calcaire. Le transept est court, la Vierge du XIII ème est « la Dame de Fontenay », le retable est de la même époque. La charpente du dortoir est du XV ème, le chapitre est déjà gothique. Il y était donnée la lecture d’un chapitre de la règle de Saint Benoît tous les jours. Il y a un armurium, une forge avec un bas-fourneau (les moines cisterciens pratiquent la première métallurgie en Europe), un « chauffoir » pour les écritures. Les jardins sont propres à la méditation.