Semur-en-Auxois, 24 septembre au 1er octobre 2023 (3)
par Monique
Le mercredi, nous partons pour le château de Bussy-Rabutin, au cœur de l’Auxois. Sur le trajet, le lac de Pont, un port de location de bateau sur le canal de Bourgogne, et Vénarey les Laumes, dont la gare est un grand triage de voies ferrées mais surtout le site industriel de la SNCF. Le paysage des monts de l’Auxois est bucolique, comme l’arrivée au château de Bussy-Rabutin. C’est une famille de militaires au service du roi, Roger de Bussy-Rabutin est un officier de Louis XIV (pendant 31 ans !) mais aussi un homme de plume : correspondant de sa cousine, la marquise de Sévigné, et auteur d’une Histoire amoureuse des Gaules où il raconte les ragots plus ou moins libertins de la cour. Le livre devait être réservé aux salons, mais il est copié, complété, et publié en Hollande. Alors que Bussy-Rabutin espérait un grade de maréchal et une élection à l’Académie, le roi, furieux, le condamne à 13 mois à la Bastille et puis l’exile sur ses terres où il restera 17 ans. Il y restaure et décore le château : belle façade XVII ème, mais surtout toutes les pièces sont couvertes de tableaux par thèmes : ceux de sa famille, des grands hommes de guerre, des rois de France, des plus belles dames de la cour, des maîtresses de Louis XIV, sans oublier des tableaux symboliques qui illustrent des maximes malicieuses… La connivence avec Madame de Sévigné est évidente, on découvre un personnage haut en couleurs, spirituel, bon vivant, à l’ironie féroce.
L’après-midi, départ pour Alésia, dans la plaine des Laumes, au pied du mont Auxois (dominé maintenant par une statue du chef gaulois) où a eu lieu l’ultime bataille entre César et Vercingétorix en 52 avant JC. Le muséo-parc est bien fait, pédagogique et riche : chacun le visite à son rythme et selon ses intérêts, historiques, archéologiques etc.
Et nous repartons pour Flavigny sur Ozerain, petite cité médiévale de 4000 habitants dans d’anciennes fortifications. Le site est habité dès la préhistoire, pendant le siège d’Alésia, dans la période gallo-romaine, et en 780, un seigneur burgonde y fonde une abbaye bénédictine. On retrouve de nombreux morceaux de l’abbaye dans les maisons du village après sa destruction à la Révolution, mais il reste pourtant des bâtiments où s’est installée la fabrique des fameuses pastilles.
C’est que César avait ramené des graines d’anis venues d’Asie Mineure… Le village renferme des endroits insolites, mais nous allons acheter nos anis de Flavigny avant la fermeture !
Le jeudi, départ pour Beaune, en passant par Pouilly-en-Auxois, point de rencontre des lignes de partage des eaux françaises : celles qui vont vers la Manche, celles vers l’Atlantique, celles vers la Méditerranée. Nous suivons la vallée de l’Ouche et arrivons dans le paysage des « climats », ces parcelles délimitées, lieux-dits porteurs de crûs, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Chaque climat a son caractère propre et donne les rouges des Côtes de Nuits et les rouges et blancs des Côtes de Beaune.
La viticulture a commencé avec les moines de Cîteaux depuis plus de 1000 ans. Le terroir d’un vin est formé de son sol, de son sous-sol, et du cep de vigne. On a ici un mono cépage, (voulu par Philippe le Hardi en 1395 !) pinot noir pour les rouges et chardonnay pour les blancs, avec l’aligoté. Le terroir est l’ensemble des facteurs naturels et humains, viticoles (la culture de la vigne,) et vinicoles (la vinification). C’est un terme plus générique que le climat qui insiste plus sur l’individualité du crû. Pour lire les étiquettes des vins, il faut se représenter un triangle sommet pointu en haut : dans la petite pointe, en quantité limitée (2%) sont les grands crûs qui portent le nom du climat, au-dessous, en quantité moyenne (15%) sont les « premiers crûs » qui portent le nom de la parcelle, encore au-dessous, (30%) les « villages » dont le nom figure sur l’étiquette. Enfin, 50 % de la production est « régionale », composée de « Bourgogne aligoté passe-tout-grain ».
Le Clos de Vougeot est devenu un musée, mais c’est un ancien bâtiment cistercien du XII ème. En 1098, sur des terres en friches, les moines de Cîteaux construisent le cellier, la cuverie, et plus tard le château Renaissance, additionné à l’abbaye par son 48 ème abbé. Les cuisines sont du XVI ème, les toits pentus en petites tuiles rouges de Bourgogne. Le pressoir encore ici est du XV ème. Son domaine est un « clos », fermé, sans coopérative : chaque propriétaire est récoltant, il y a 80 propriétaires pour 50 ha. Il doit son nom à la Vouge qui passe à Vougeot. C’est maintenant une vitrine de la culture vinicole et le siège de la Confrérie des Taste-vin.
La ville de Beaune compte 22 000 habitants, c’est l’ancienne Béléna gauloise construite autour d’une source et d’une petite rivière souterraine, la Bouzaise, qui passe sous l’Hôtel-Dieu. Celui-ci reçoit 400 000 visiteurs par an de toutes provenances, pour son vin, ses caves, et la beauté de ses bâtiments. Il a soigné des malades de 1443 à 1984 où il est devenu un musée. Il avait été fondé par Nicolas Rollin, comprenait 30 lits au XV ème et était tenu par les sœurs hospitalières de Beaune. Le toit de la cour intérieure est polychrome, en petites tuiles rouge, noir, vert, jaune. Les salles reconstituées sont magnifiques, salle des « pôvres », pharmacie… mais c’est surtout dans la chapelle que l’on peut voir le très beau polyptique de Roger van der Weyden.