Sur le chemin de St Jacques de Conques à La Romieu.
En septembre, nous étions sept, à parcourir le chemin de Saint Jacques de Compostelle : Chantal B, Christiane B, Christiane M, Ginette G, Marinette D, Fred F et moi !.
A Conques nous avons bénéficié, grâce à la présence d’Axel Kahn sur le chemin, d’une promenade inoubliable sur le déambulatoire de l’abbatiale Ste Foy. Elle nous a permis d’admirer de près les chapiteaux et aussi de découvrir, sous un aspect différent, les vitraux de Pierre Soulages. La lumière les traversant est réfléchie de manière surprenante et illumine l’abbaye tout en respectant son caractère d’austérité Bénédictine !
Le lendemain matin, nous avons, sac au dos, parcouru le chemin jusqu’à Decazeville, en commençant par gravir la forte pente qui conduit à la chapelle Sainte Foy. Nous avons sonné la cloche pour respecter la tradition, et continué de grimper pour déboucher sur le causse puis descendre sur la ville de Figeac, accueillis au gîte du « Gua » de façon familiale et chaleureuse. L’étape suivante nous a conduit à Gréalou, dans un gîte axé sur l’écologie certes, mais à but lucratif et pas du tout dans l’esprit d’accueil du chemin ! Notre parcours nous a ensuite mené à Mas de Vers et puis à Cahors : à la sortie du pont, nous avons fait une halte dans la guérite de l’octroi et nous avons chanté le chant des pèlerins « Ultreîa » après avoir bu et mangé des petits gâteaux offerts par une association. Nous avons flâné dans Cahors , visité la cathédrale, admiré les maisons anciennes et logé chez Serge : un personnage captivant par ses connaissances, son détachement et sa convivialité (il parcours le chemin chaque année après la fermeture de son gîte).
Ici, Chantal, Christiane B et Fred nous ont quittés après avoir parcouru 145 km. Le reste de la troupe a vaillamment continué jusqu’à La Romieu et arpenté le chemin pendant 12 jours et 300 km au total depuis Conques.
Après avoir franchi le pont Valentré de Cahors où se cache le diable qui, selon la légende, a retardé les travaux du pont pour finalement se faire piéger, nous avons d’emblée grimpé le chemin empierré pour arriver sur un autre causse et, de dénivelés positifs en dénivelés négatifs, atteint Lascabanne : joli « port de pêche » totalement désert et pas du tout attractif.
Même notre gîte, au nom pourtant prometteur, « Le nid des anges » manquait de contact humain ! ( ce qui est normal, me direz-vous pour un lieu céleste … )
Le lendemain, après un arrêt à Montcuq ( nom qui a favorisé quelques plaisanteries ! ), et à son donjon du XIIème siècle, l’accueil à Lauzertes au gîte « les figuiers », tenu par des Aurillacois, s’est avéré riche en contacts, chaleur et générosité : un vrai moment de détente agréable après une étape difficile. Lauzertes est une jolie bourgade classée « plus beau village de France » qui fut bastide puis ville Royale et siège de la Sénéchaussée. On peut y voir une très belle place pavée entourée de maisons anciennes.
De Lauzertes, nous avons atteint Moissac, son abbaye remarquable et son cloître célèbres, ses jolies maisons à colombages et ses rues pavées. Avant de partir, le lendemain, nous nous sommes rendus à l’abbaye pour assister aux « laudes » chantées par les huit religieuses de la congrégation avec des voix qui s’étagent du plus pur cristal au sombre grave ! Un moment de sérénité pour parcourir le chemin jusqu’à Auvillar et sa très belle halle ronde du XIX ème siècle, sa tour, ses musées de la céramique et de la batellerie.
L’étape la plus longue et la plus dure (34 km) nous a conduit, en longeant les immenses champs de céréales, les plantations d’arbres fruitiers et les champs de melons, à Lectoure : ville dont le patrimoine n’est pas du tout mis en valeur ; puis de Lectoure à La Romieu, la ville des chats. La légende veut qu’une jeune fille ait caché deux chats pendant une période de famine et permis que ceux-ci et leurs descendants mangent les rats qui proliféraient. Ce qui a préservé les récoltes et sauvé les habitants ! Notre parcours a pris fin vers midi.
Après un bon repas et la visite de l’église, du cloître et de la tour de La Romieu sous la pluie, nous avons pris le chemin du retour.
On peut difficilement évoquer le « chemin » sans parler des rencontres faites le long de celui-ci : le « voleur de serviette » qui a failli emporter (par erreur ?) la jolie serviette blanche à franges de Christiane M, la religieuse Polonaise venu de Varsovie pour se rendre à Santiago vêtue d’une longue robe noire et chaussée de sandalettes, le « brute de fonderie » au verbe haut et au langage châtié avec un fort accent parisien, la jeune Toulousaine partie sur un coup de tête avec le strict minimum dans son sac à dos et même pas une bouteille d’eau, le « kangourou » un Australien qui tenait absolument à se mettre Marinette dans la poche, une Française obligée de traduire en anglais nos conversations avec un Allemand , le pépé coquin sur le marché de Moissac qui, pour obtenir des bises des pèlerines, offrait une barquette de raisins !
Et puis, il y a le plaisir d’admirer les paysages traversés, la chaîne des Pyrénées, les monuments et les lieus visités, et celui de cueillir et déguster figues, noix, et pommes le long des sentiers. Le « chemin », c’est aussi, à partir du cinquième jour et pour ce qui me concerne, une déconnexion avec les problèmes en tous genres et un vide mental où, les pas s’enchaînant de façon mécanique, l’esprit voyage et se libère.