Pompadour et Ségur-le-Château, 24 mars 2024 (2)
par Monique et Christine P.
Le restaurant est tout près de l’Orangerie du château de Pompadour, le repas excellent, et il fait bien plus chaud que dehors, l’une d’entre nous a un malaise mais les choses s’arrangent et nous partons pour Ségur-le-Château.
Le guide nous attend sur le parking en dehors du village. On en voit l’église qui n’a été construite qu’au XIX ème , après la suppression de la Cour des Appeaux en 1750. Avant, il y avait plusieurs chapelles, dans chaque quartier. C’est que le village a un site particulier : « sé-gur » est un lieu sûr sur une presqu’île dans une boucle de l’Auvézere surmontée par un éperon rocheux en schiste.
Nous y allons en franchissant une passerelle sur la rivière, cet endroit est appelé « Richard » à cause d’un possible passage de Richard-Cœur-de-Lion, nous franchissons un portail XVIII ème, mais le village garde surtout des traces de sa période faste, entre 1450 et 1550, et ses rues portent les noms des personnes qui lui ont donné son prestige. La place Marguerite de Chauvigny est entourée de maisons XVI ème en pierres de couleurs (granit gris, grès rouge, gneiss blond) avec tourelles, escaliers en vis, caves et hôtels pour la Cour des Appeaux. C’est que Jean de l’Aigle, (nous arrivons sur sa place) mari de Marguerite précitée, a demandé au roi que se tienne ici une cour qui puisse juger en appel tous les litiges non satisfaits entre Limoges, Brive et Périgueux, ce qui représente 365 seigneuries de limoges à Turenne ! Ségur est au centre de ce territoire.
Un artisan local façonne des petits personnages en terre cuite, tous plus expressifs et drôles les uns que les autres, et beaucoup de maisons les ont fixés sur leurs murs ou balcons, ce sont des Plaizantins : joli sourire sur cet habitat ancien bien restauré dans les rues ou les « chariéroux », chemins non carrossables urbains. Nous arrivons au bord de la rivière par le pont Notre-Dame, reconstruit car le pont à becs ancien avait été endommagé par des crues. Au-dessus de nous, sur l’éperon, se dresse le château du IX ème. Le Limousin était un vaste comté mais le comte de Limoges est parti à Toulouse : son territoire excite la convoitise des comtes périphériques et il se forme une multitude de vicomtés : Ségur, Turenne, Bourganeuf…. L’un d’entre eux aurait repoussé les Normands et aurait construit un premier château. Sa petite fille Emma épouse le vicomte de Limoges, le bourg se développe autour du château qui devient un castrum au XII ème, c’est-à-dire un village fortifié à deux enceintes. La « basse-cour » abrite une quinzaine de familles de chevaliers qui administrent Ségur en l’absence du vicomte. Et au XV ème s’installe la Cour des Appeaux.
La rue Pertinax (chroniqueur entre les deux guerres) monte au château. Nous en complétons l’histoire, après Jean de l’Aigle, il passe à la famille d’Albret (Jean, père de Jeanne, elle-même mère de Henri IV). Il sera le dernier vicomte de Ségur et Limoges. Le château est vendu aux Peyrus puis aux Hautefort, mais après la Révolution on brûle tous les documents de la Cour des Appeaux.
Nous redescendons par la rue des Claux au milieu de superbes maisons à colombages en croix de Saint André, vers le quartier des Forges et celui des moulins et de l’ancienne minoterie.
Il y a une ancienne statuette de Saint Roch sur une maison, la maison la plus ancienne du village vers la fontaine Sainte Anne, des granges ovalaires dans le quartier Saint Laurent, un cèdre et un séquoia remarquables dans des jardins : ce village est plein de richesses inattendues, c’est une belle découverte. Nous retrouvons vite notre car, et Jean-Michel nous ramène sereinement chez nous, tandis qu’il fait 0° en arrivant dans le Puy de Dôme ! Mais quelle belle journée, merci à tous.