LE PETIT POUCET

Charles Perraut écrivit le Petit Poucet en 1697.

Un bucheron et sa femme n’ont plus de quoi nourrir leurs 7 garçons et décident de les perdre dans la forêt, pour que les loups les en débarrassent. L’histoire se terminera bien grâce à l’astuce du Petit Poucet, mais on a du mal, à notre époque, à voir cette histoire comme un conte pour enfant.

Pourtant au XVIIème siècle, à cause du Petit Âge de Glace, la faim est un problème récurrent dans le peuple à cause de la répétition des années à maigre rendement.

L’année 1692 a marqué les esprits : « les châtaignes sont perdues et les blés noirs » écrit l’intendant de Limoges à l’automne, les vendanges se font le 10 novembre ; une mauvaise récolte en entraine une autre car il n’y a pas assez de semences pour la suivante. On estime à 2 millions de personnes les morts de la crise des années 1692-94 et cela se renouvellera en 1709-10, dans des proportions moindres car l’administration de Louis XIV a demandé aux régions les moins atteintes de venir au secours des autres.

Cette crise aura une autre conséquence inattendue : la famine fait passer au second plan les grandes batailles navales, la guerre devient commerciale, il s’agit de défendre les convois amenant le blé acheté à l’étranger et de s’emparer de ceux de l’ennemi. La victoire de Texel (juin 1694) qui sauve 110 navires chargés de blé acheté en Pologne, vaut à Jean Bart ses lettres de noblesse. Le corsaire concurrence l’amiral, nourrir le peuple affecté par le « dérèglement des saisons » procure autant de gloire qu’une belle bataille.

POURQUOI L’ISLAM S’EST ARRÊTÉ AUX PORTES DE L’EUROPE

Soliman le Magnifique devient sultan de l’empire ottoman (turc) en 1520.

Sous son règne, l’empire ottoman est au maximum de sa puissance, ses successeurs n’ajoutèrent pas grand chose à son étendue.

Quand il accède au trône, il occupe une large partie des Balkans, il a donc déjà un pied en Europe.

Il a en face de lui Charles Quint qui, lui, règne (en gros) sur l’Espagne, l’Italie, les Pays Bas et l’Allemagne.

Soliman est un bon musulman et veut diffuser l’Islam chez les chrétiens qu’il considère comme des hérétiques. Son empire est puissant car doté d’une cohérence géographique et administrative, à la différence de celui de Charles Quint qui est fait de pays avec des traditions différentes. Il est aussi riche, il prélève des taxes sur la route de la soie et des épices, il exploite les mines d’or du Soudan.

Enfin il est militairement fort car son armée est disciplinée alors que celles des occidentaux s’intéressent avant tout au pillage. Son artillerie sera notamment en avance sur celle de ses adversaires (c’est grâce à elle que Constantinople sera conquise).

Tout naturellement, il va faire la guerre en direction de l’ouest, prend Budapest et Belgrade mais plusieurs sièges de Vienne échouent.

Pourquoi relier Soliman et la météo ?

C’est que les intempéries ont été les alliées des chrétiens : on peut faire ainsi le lien avec le Petit Age Glaciaire.

Les récits des expéditions multiplient les cas de rivières en crue, de chemins détrempés, de problèmes logistiques ou sanitaires provoqués par l’humidité.

Un exemple : Partie de Constantinople le 10 mai 1529, en direction de Vienne, l’armée du sultan traverse avec difficulté des fleuves transformés en torrents ; les hommes, les chameaux se noient ; arrivé sur place le 27 septembre, Soliman doit donner l’ordre du retour, le 16 octobre, à moins de sacrifier son armée ; le siège sera de seulement 20 jours.

Compte tenu des temps de déplacement d’une immense armée, des printemps pluvieux et des automnes précoces, une campagne ne peut durer que 4 ou 5 mois et aucun siège sérieux ne peut être mis en place.

Le climat et la distance marquent la limite de l’empire ottoman à cette époque. Avec un temps plus sec, il aurait pu pousser plus loin ses offensives.