Restaurer ses Dinky Toys

CBN : Bonjour Georges, tu as la nostalgie des petites Dinky, qui  fabriquait ces jouets ?

Georges : Enfants, nous jouions avec nos petites voitures en métal de la marque Dinky Toys, CIJ ou Quiralu. Souvent, je rêvais devant la vitrine du marchand de jouets de la place Miremont à Vienne et je spéculais sur la prochaine que je pourrais m’offrir avec mon argent de poche. La marque Dinky a été la plus prolifique. Dans les années 60 « une dinky » voulait quasiment dire « une petite voiture » dans notre langage de gosses.

En fait, comme son nom l’indique, la marque  est anglaise (dinky veut dire petit) La marque s’implante en France vers 1933, le siège sera à Bobigny. Au début, elle fabrique toutes sortes de jouets en métal, voitures, bateaux, avions, mobilier de poupée. Son essor se produira après guerre. Vers 1950 les modèles se multiplient : la production a été de 7 millions d’unités en 1951.

La maison anglaise fabriquait aussi ses propres modèles, et certains ont passé la frontière. On les distingue par la gravure du plancher : « made in England » ou « fabriqué en France ». A partir de 1970, Dinky Toys a été confrontée au problème du prix de revient, d’autant que le client exigeait des modèles de plus en plus détaillés : vitres, intérieur, suspension etc.. Elle souffrait de la concurrence des Norev (en plastique) ou Majorette (plus petites). A partir de 1974, elle fait fabriquer en Espagne puis elle change de propriétaire. Mattel la reprend, puis cède la licence aux éditions Atlas qui produisent d’excellentes copies réalisées en Chine.

CBN : Peut on restaurer ces petites voitures et comment ?

Georges : 50 ou 60 ans après, nous les retrouvons au fond du grenier, en général en mauvais état et l’envie nous prend de les restaurer. Un préalable : le métal de ces jouets est en zamac, alliage de zinc, aluminium, magnésium et cuivre ; il supporte mal d’être tordu. Ils ont beaucoup souffert entre nos mains, mais une fois tordus, il y a de grandes chances que le métal se casse quand on veut le détordre. Donc abstenez vous d’acheter un tank (le jouet) avec le canon tordu, vous perdrez votre argent.

1-D’abord, comment la voiture était elle à l’origine ? On peut se baser sur les restes de peinture de l’épave, mais si elle a été repeinte, on peut consulter le site Internet http://www.dinkytoys.ch/gallery ou bien voir ce qui est proposé sur Ebay suivant le chiffre référence.

2-Certaines pièces manquent elles ou sont elles cassées, fatiguées ? On trouve facilement des pièces détachées de toutes les marques, par exemple, pilote, volant, pneus, décalcomanie etc. Pour ma part je vais passer ma commande à la boutique Autostyl, rue Saint Esprit à Clermont. Elle sert d’intermédiaire avec les fournisseurs mais il faut compter un mois minimum pour la livraison car elle regroupe ses commandes.

3-Passons ensuite à la restauration elle même. Celle ci va essentiellement consister à repeindre la voiture et comme chaque élément a une couleur différente, il faut les séparer.

4-Le plus difficile est de séparer la carrosserie du plancher; pour cela, j’utilise une mini perceuse avec une mèche de 1,5/2mm et je perce la tête du rivet qui les tient. Une fois le plancher enlevé, il faut creuser l’emplacement du rivet de quelques millimètres, on y remettra un rivet neuf.

5-Je place tous les éléments à décaper (mais surtout pas ceux en plastique !) dans un bocal avec de l’acétone. 6-Au bout d’une semaine, l’acétone a attaqué la peinture, elle pèle ou bien on l’enlève facilement avec une brosse métallique. On finit le travail avec un outil pointu, un cutter par exemple, pour nettoyer les recoins.

7-Ensuite, c’est facile, on peint les gros éléments avec de la peinture en bombe  qui garantit un meilleur fini, et les petits avec un pinceau et de la peinture pour maquette. Ca peut être difficile si la carrosserie a deux couleurs; il faut masquer la première couleur avec du ruban spécial, pas du scotch qui l’arrachera.

8-Enfin on rassemble tous les éléments, on fixe le plancher avec des rivets neufs et de la Super Glue et on installe éventuellement une nouvelle décalcomanie.

Sur les photos montrant les étapes de la restauration d’une Jaguar de Dinky Angleterre réf. 238, vous remarquerez que j’ai laissé les essieux et jantes au plancher, je les ai masqués avec du papier avant de le repeindre. Pour la couleur, il faut faire avec celles que l’on trouve dans le commerce, en se rapprochant le plus possible de la couleur d’origine. En tout cas, ma Jaguar a retrouvé une nouvelle jeunesse, elle va prendre place dans ma vitrine.

CBN : Est il possible de compléter sa collection ?

Georges : Les copies Atlas sont presque aussi nombreuses que les originaux sur Ebay. Quand on a réuni les modèles de la période française choisie pour sa collection, on cherche ensuite les modèles anglais, c’est ce que je fais. On en trouvait dans les brocantes françaises mais on cherche plus efficacement maintenant sur Ebay, ce qui permet de guetter les meilleurs prix. Celui ci dépend des quantités produites; en fait, ceux de « mon » époque ont des prix raisonnables (très raisonnable vu que je cherche plutôt des épaves) Tout gamin de ma génération a possédé la dépanneuse Citroën rouge ou le Berliet de chantier bleu et jaune.

CBN : Y avait -il des fournisseurs autres que Dinky ?

Georges : A côté des Dinky, d’autres marques fabriquaient des petites voitures de la même échelle (1/43ème) qui se retrouvaient aussi dans les vitrines. CIJ (Compagnie Industrielle du Jouet) fabriquait les mêmes modèles que Dinky Toys mais la gamme était moins étendue. J’aime bien Quiralu qui fabriquait les modèles ignorés par les autres (je pense entre autres à la petite Isetta). France Jouet a développé toute une gamme de véhicules civils ou militaires qui peuvent être une collection dans la collection (j’ai 15 versions différentes du GMC).

Les Norev étaient en plastique; elles sont plus fragiles donc il est plus difficiles de les trouver en bon état mais elles sont moins chères que les Dinky qui sont la « Rolls » de la petite voiture de collection (il y a des ventes aux enchères de Dinky, certains modèles, rares ou complets, peuvent monter très haut). Enfin les Solido avaient la particularité de se démonter ; à partir d’un même plancher on pouvait construire plusieurs modèles différents.

Merci beaucoup Georges, tu vas avoir réveillé des souvenirs et des envies de redonner une jeunesse à de vieux jouets oubliés au grenier, et pourquoi pas d’en rechercher de nouveaux ?