Visite de l’usine de production d’eau potable de Clermont Ferrand.

par Roger

  extérieur de l'usine La ville de Clermont était initialement alimentée par des sources situées à l’Ouest en bordure de la chaîne des Puys. Elles représentent encore actuellement 25 à 30% de la ressource. Pour faire face aux besoins croissants de l’industrie et de la population en augmentation, la ville a dû, dès les années 1920, mettre en place un approvisionnement en eau de l’Allier.

un puits de captage sur l'Allier

un puits de captage sur l’Allier

   A partir de 1933, il a été décidé de créer les premiers forages pour mettre à profit la nappe alluviale d’une quinzaine de mètres d’épaisseur qui s’étend en bordure de rivière depuis Dallet jusqu’à Cournon d’Auvergne. L’eau de cette nappe provient à 95% de l’Allier et, aujourd’hui, ce sont 71 puits de captage, dont 68 sur la rive droite, qui ont été creusés sur une surface d’environ 200 hectares protégées des activités agricoles et industrielles. D’une profondeur d’environ 12 mètres, ils sont réalisés à l’aide d’un empilage de buses trouées de barbacanes inclinées vers le haut pour éviter les entrées de sable. Les puits sont, par groupes d’une dizaine environ, reliés à 6 sous-stations de pompage qui envoient l’eau vers le réservoir tampon de l’usine grâce à 2 canalisations (Ф 600 et 800) qui enjambent la rivière. Les puits sont surélevés d’environ 1,2 m par rapport au niveau du sol de manière à faire face aux inondations trentenaires de la zone de captage. Néanmoins, en cas de forte crue recouvrant la zone, comme en 2003, la filtration de l’eau arrivant dans les captages se trouve fortement réduite par le fait que la nappe est alimentée par le dessus, au lieu de l’être latéralement depuis le lit de la rivière.

ultrafiltration

les batteries dans lesquelles se réalise l’ultrafiltration membranaire

   Malgré la relative bonne qualité de l’eau de la nappe, il est apparu nécessaire d’en corriger certaines caractéristiques et de surtout d’en sécuriser la production et de réduire les risques sanitaires. La ville de Clermont a donc investi pour ses 140 000 habitants, dans une usine de traitement d’eau potable qui a été mise en service en 2016. Capable de traiter 2500 m3/heure et jusqu’à 50 000 m3/jour, elle à représenté un investissement de l’ordre de 18,5 millions d’euros et emploie 51 personnes.

   Puisée dans le réservoir tampon situé à l’entrée de l’usine, l’eau est d’abord soumise à un traitement primaire à l’aide d’eau de chaux, de permanganate de potassium et de charbon actif en poudre afin de la minéraliser partiellement et d’en retirer l’excès de fer et de manganèse ainsi que les matières organiques en suspension. Elle se dirige ensuite vers un ensemble de 7 batteries comportant chacune plus d’une centaine de tubes verticaux dans lesquels se réalise l’ultrafiltration membranaire* qui retient tout ce qui est de taille supérieure à 0,025 microns (molécules organiques, bactéries, virus …) Enfin une troisième et dernière phase de traitement permet à l’aide de javel et de soude d’optimiser l’état sanitaire et la minéralisation de l’eau.

station de pompage

la station de pompage

   Elle rejoint alors la station de pompage située dans l’ancien bâtiment qui a conservé sa façade des années 1920 et où sont installés 7 groupes de pompage débitant chacun 250 litres/s sous 14 bars. Depuis l’usine (altitude env. 325 m), elle est propulsée vers 6 réservoirs de distribution situés sur le Puy de Bane à 460 m d’altitude. Ce stockage d’une capacité totale de 40 000 m3  alimente par gravité l’ensemble de la ville, en eau de qualité constante.

   Il faut également évoquer la part très importante des automatismes et de l’informatique dans l’ensemble de ce processus complexe (surveillance en temps réel du niveau de la rivière et des pollutions éventuelles en amont, information sur le niveau d’une partie des captages, automatisation des phases du procédé en usine …)

ds un réservoir du puy de Bâne

l’eau après traitement dans un réservoir du Puy de Bâne

* L’ultrafiltration membranaire telle que développée suivant le système Pentair X-flow s’effectue à basse pression dans des tubes verticaux d’environ 220 mm de diamètre, contenant la membrane constituée de 15 000 fibres creuses de petit diamètre (0,8 mm).  L’eau à purifier est introduite dans les fibres obturées à leur extrémité et migre à travers leur paroi latérale en laissant ses polluants à l’intérieur. Les tubes sont régulièrement régénérés par une inversion de flux qui permet d’évacuer les déchets retenus par les fibres. La surface filtrante développée de l’usine est proche de 44 000 m2.